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LES ROUGON-MACQUART.

à leur ombre. Que voulez-vous ? il faut songer à l’utile. Ce coin nous suffit, nous avons des légumes pour toute la saison.

L’abbé s’étonna, se fit donner des détails. Le jardin était un de ces vieux jardins de province, entourés de tonnelles, divisés en quatre carrés réguliers par de grands buis. Au milieu, se trouvait un étroit bassin sans eau. Un seul carré était réservé aux fleurs. Dans les trois autres, plantés à leurs angles d’arbres fruitiers, poussaient des choux magnifiques, des salades superbes. Les allées, sablées de jaune, étaient tenues bourgeoisement.

— C’est un petit paradis, répétait l’abbé Faujas.

— Il y a bien des inconvénients, allez, dit Mouret, plaidant contre la vive satisfaction qu’il éprouvait à entendre si bien parler de sa propriété. Par exemple, vous avez dû remarquer que nous sommes ici sur une côte. Les jardins sont étagés. Ainsi celui de monsieur Rastoil est plus bas que le mien, qui est également plus bas que celui de la sous-préfecture. Souvent, les eaux de pluie font des dégâts. Puis, ce qui est encore moins agréable, les gens de la sous-préfecture voient chez moi, d’autant plus qu’ils ont établi cette terrasse qui domine mon mur. Il est vrai que je vois chez monsieur Rastoil, un pauvre dédommagement, je vous assure, car je ne m’occupe jamais de ce que font les autres.

Le prêtre semblait écouter par complaisance, hochant la tête, n’adressant aucune question. Il suivait des yeux les explications que son propriétaire lui donnait de la main.

— Tenez, il y a encore un ennui, continua ce dernier, en montrant une ruelle longeant le fond du jardin. Vous voyez ce petit chemin pris entre deux murailles ? C’est l’impasse des Chevillottes, qui aboutit à une porte charretière ouvrant sur les terrains de la sous-préfecture. Toutes les propriétés voisines ont une petite porte de sortie sur l’impasse, et il y a sans cesse des allées et venues mystérieuses…