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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/327

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LA CURÉE

mousseline, courte et garnie de deux volants, pour cacher un peu les hanches. Dans les cheveux, une couronne de fleurs des champs ; aux chevilles et aux poignets, des cercles d’or. Et rien autre. Elle était nue. Le maillot avait des souplesses de chair, sous la pâleur de la blouse ; la ligne pure de cette nudité se retrouvait, des genoux aux aisselles vaguement effacée par les volants, mais s’accentuant et reparaissant entre les mailles de la dentelle, au moindre mouvement. C’était une sauvagesse adorable, une fille barbare et voluptueuse, à peine cachée dans une vapeur blanche, dans un pan de brume marine, où tout son corps se devinait.

Renée, les joues roses, avançait d’un pas vif. Céleste avait fait craquer un premier maillot ; heureusement que la jeune femme, prévoyant le cas, s’était précautionnée. Ce maillot déchiré l’avait mise en retard. Elle parut se soucier peu de son triomphe. Ses mains brûlaient, ses yeux brillaient de fièvre. Elle souriait pourtant, répondait par de petites phrases aux hommes qui l’arrêtaient, qui la complimentaient sur sa pureté d’attitudes, dans les tableaux vivants. Elle laissait derrière elle un sillage d’habits noirs étonnés et charmés de la transparence de sa blouse de mousseline. Quand elle fut arrivée au groupe de femmes qui entouraient Maxime, elle souleva de courtes exclamations, et la marquise se mit à la regarder de la tête aux pieds, d’un air tendre, en murmurant :

— Elle est adorablement faite.

Madame Michelin, dont le costume d’almée devenait horriblement lourd à côté de ce simple voile, pinçait les lèvres, tandis que madame Sidonie, ratatinée dans sa robe noire de magicienne, murmurait à son oreille :