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Page:Emile Zola - La Curée.djvu/360

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LES ROUGON-MACQUART

vernies et des chevilles blanches. Par moments, il lui semblait qu’un souffle de vent allait enlever les robes. Ces épaules nues, ces bras nus, ces chevelures nues qui volaient, qui tourbillonnaient, prises, jetées et reprises, au fond de cette galerie, où la valse de l’orchestre s’affolait, où les tentures rouges se pâmaient sous les fièvres dernières du bal, lui apparurent comme l’image tumultueuse de sa vie à elle, de ses nudités, de ses abandons. Et elle éprouva une telle douleur, en pensant que Maxime, pour prendre la bossue entre ses bras, venait de la jeter là, à cette place où ils s’étaient aimés, qu’elle rêva d’arracher une tige du Tanghin qui lui frôlait la joue, de la mâcher jusqu’au bois. Mais elle était lâche, elle resta devant l’arbuste à grelotter sous la fourrure que ses bras ramenaient, serraient étroitement, avec un grand geste de honte terrifiée.