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VII

La complication des cérémonies et certaines affaires à régler retinrent Lazare et Pauline deux jours à Caen. Quand ils revinrent, après une dernière visite au cimetière, le temps avait changé, une bourrasque soufflait sur les côtes. Ils partirent d’Arromanches par une pluie battante, le vent soufflait si fort, que la capote du cabriolet menaçait d’être emportée. Pauline se rappelait son premier voyage, lorsque madame Chanteau l’avait amenée de Paris : c’était par une tempête pareille, la pauvre tante lui défendait de se pencher hors de la voiture, et lui rattachait à toute minute un foulard autour du cou. Dans son coin, Lazare songeait aussi, revoyait sa mère sur cette route, impatiente de l’embrasser, à chacun de ses retours : une fois, en décembre, elle avait fait deux lieues à pied, il l’avait trouvée assise sur cette borne. La pluie tombait sans relâche, la jeune fille et son cousin n’échangèrent pas une parole d’Arromanches à Bonneville.

Cependant, comme on arrivait, la pluie cessa ; mais le vent redoublait de violence, il fallut que le cocher descendît, pour prendre le cheval par la bride. Enfin, la voiture s’arrêtait devant la porte, lorsque le pêcheur Houtelard passa en courant.