Page:Emile Zola - La Joie de vivre.djvu/300

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— Elle amène Louise.

— Louise ! ah ! c’est une bonne idée ! s’écria Chanteau.

Et, lorsqu’elles furent côte à côte devant lui, l’une encore en grand deuil, l’autre dans sa gaie toilette d’été, il continua, ravi de cette distraction qui lui arrivait :

— Quoi donc ? vous avez fait la paix… Vous savez que je n’ai jamais compris. Hein ? était-ce bête ? Et comme tu avais tort, ma pauvre Louisette, de nous garder rancune, dans tout le chagrin que nous avons eu !… Enfin, c’est fini, n’est-ce pas ?

Un embarras tenait les jeunes filles immobiles. Elles avaient rougi, et leurs regards s’évitaient. Louise embrassa Chanteau pour cacher son malaise. Mais il voulait des explications.

— Vous vous êtes donc rencontrées ?

Alors, elle se tourna vers son amie, les yeux humides d’attendrissement.

— C’est Pauline qui montait chez mon père. Justement, je rentrais. Et il ne faut pas la gronder d’être restée, car j’ai tout fait pour la retenir… Comme le télégraphe s’arrête à Arromanches, nous avons pensé que nous serions ici en même temps qu’une dépêche… Me pardonnez-vous ?

Elle embrassa encore Chanteau, avec sa câlinerie d’autrefois. Lui, n’en demanda pas davantage : quand les choses allaient pour son plaisir, il les trouvait bonnes.

— Et Lazare, reprit-il, tu ne lui dis rien ?

Le jeune homme était demeuré en arrière, souriant avec contrainte. La remarque de son père acheva de le troubler, d’autant plus que Louise rougissait de nouveau, sans faire un pas vers lui. Pour-