nait raison à l’autre, en se tapant le front de ses deux poings. Françoise l’emporta, le chiffre total fut de cent quatre-vingt-neuf francs.
— Alors, cette fois, c’est bien tout ? demanda le notaire.
Buteau, sur sa chaise, semblait anéanti, écrasé par ce compte qui grossissait toujours, ne luttant plus, se croyant au bout du malheur. Il murmura d’une voix dolente :
— Si l’on veut ma chemise, je vas l’ôter.
Mais la Grande réservait un dernier coup, terrible, quelque chose de gros et de bien simple, que tout le monde oubliait.
— Écoutez donc, et les cinq cents francs de l’indemnité, pour le chemin, là-haut ?
D’un saut, Buteau se trouva debout, les yeux hors de la tête, la bouche ouverte. Rien à dire, pas de discussion possible : il avait touché l’argent, il devait en rendre la moitié. Un instant, il chercha ; puis, ne trouvant pas de retraite, dans la folie qui montait et lui battait le crâne, il se rua brusquement sur Jean.
— Bougre de salop, qui a tué notre bonne amitié ! Sans toi, on serait encore en famille, tous collés, tous gentils !
Jean, très raisonnable dans son silence, dut se mettre sur la défensive.
— Touche pas ou je cogne !
Vivement, Françoise et Lise s’étaient levées, se plantant chacune devant son homme, le visage gonflé de leur haine lentement accrue, les ongles enfin dehors, prêtes à s’arracher la peau. Et une bataille générale, que ni la Grande ni Fouan ne semblaient disposés à empêcher, aurait sûrement fait voler les bonnets et les cheveux, si le notaire n’était sorti de son flegme professionnel.
— Mais, nom d’un chien ! attendez d’être dans la rue ! C’est agaçant, qu’on ne puisse tomber d’accord sans se battre !
Lorsque tous, frémissants, se tinrent tranquilles, il ajouta :
— Vous l’êtes, d’accord, n’est-ce pas ?… Eh bien ! je