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XII


Dès le lendemain, Pascal s’enferma au fond de la grande maison vide. Il n’en sortit plus, cessa complètement les rares visites de médecin qu’il faisait encore, vécut là, portes et fenêtres closes, dans une solitude et un silence absolus. Et l’ordre formel était donné à Martine : elle ne devait laisser entrer personne, sous aucun prétexte.

— Mais, Monsieur, votre mère, madame Félicité ?

— Ma mère moins encore que les autres. J’ai mes raisons… Vous lui direz que je travaille, que j’ai besoin de me recueillir et que je la prie de m’excuser.

Coup sur coup, à trois reprises, la vieille madame Rougon se présenta. Elle tempêtait au rez-de-chaussée, il l’entendait qui élevait la voix, s’irritant, voulant forcer la consigne. Puis, le bruit s’apaisait, il n’y avait plus qu’un chuchotement de plainte et de complot, entre elle et la servante. Et pas une fois il ne céda, ne se pencha en haut de la rampe, pour lui crier de monter.

Un jour, Martine se hasarda à dire :

— C’est bien dur tout de même, monsieur, de refuser la porte à sa mère. D’autant plus que madame Félicité vient dans de bons sentiments, car elle sait la grande gêne de monsieur et elle n’insiste que pour lui offrir ses services.

Exaspéré, il cria :