sieur Grandguillot, ou du moins ça m’en a tout l’air… J’ai eu l’idée, ce matin, d’aller voir, et on m’a dit qu’il vous reviendrait sûrement quelque chose, que je pouvais prendre cent francs… Oui, on s’est même contenté d’un reçu de moi. Vous régulariserez ça plus tard.
Pascal sembla à peine surpris. Elle espérait bien qu’il ne sortirait pas, pour vérifier le fait. Pourtant, elle fut soulagée de voir avec quelle facilité insouciante il acceptait son histoire.
— Ah ! tant mieux ! s’écria-t-il. Je disais bien qu’il ne faut jamais désespérer. Cela va me donner le temps d’organiser mes affaires.
Ses affaires, c’était la vente de la Souleiade, à laquelle il avait songé confusément. Mais quelle peine affreuse, quitter cette maison, où Clotilde avait grandi, où il avait vécu près de dix-huit ans avec elle ! Il s’était donné deux ou trois semaines pour y réfléchir. Quand il eut cet espoir, qu’il rattraperait un peu de son argent, il n’y pensa plus du tout. De nouveau, il s’abandonnait, mangeait ce que lui servait Martine, ne s’apercevait même pas du strict bien-être qu’elle remettait autour de lui, à genoux, en adoration, déchirée de toucher à son petit trésor, mais si heureuse de le nourrir maintenant, sans qu’il se doutât que sa vie venait d’elle.
D’ailleurs, Pascal ne la récompensait guère. Il s’attendrissait ensuite, regrettait ses violences. Mais, dans l’état de fièvre désespérée où il vivait, cela ne l’empêchait pas de recommencer, de s’emporter contre elle, au moindre sujet de mécontentement. Un soir qu’il avait encore entendu sa mère causer sans fin, au fond de la cuisine, il eut un accès de colère furieuse.
— Écoutez-moi bien, Martine, je ne veux plus qu’elle entre à la Souleiade… Si vous la recevez une seule fois, en bas, je vous chasse !