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Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/316

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vers lui, prête à la folie de revenir sur l’heure, au moindre mot !

Et c’était ce mot que Pascal ne voulait pas écrire. Les choses s’arrangeraient, Maxime s’habituerait à sa sœur, le sacrifice devait être consommé jusqu’au bout, maintenant qu’il était accompli. Une seule ligne écrite par lui, dans la faiblesse d’une minute, et le bénéfice de l’effort était perdu, la misère recommençait. Jamais il n’avait fallu à Pascal un courage plus grand que lorsqu’il répondait à Clotilde. Pendant ses nuits brûlantes, il se débattait, il la nommait furieusement, il se relevait pour écrire, pour la rappeler tout de suite, par dépêche. Puis, au jour, quand il avait beaucoup pleuré, sa fièvre tombait ; et sa réponse était toujours très courte, presque froide. Il surveillait chacune de ses phrases, recommençait, quand il croyait s’être oublié. Mais quelle torture, ces affreuses lettres, si brèves, si glacées, où il allait contre son cœur, uniquement pour la détacher de lui, pour prendre tous les torts et lui faire croire qu’elle pouvait l’oublier, puisqu’il l’oubliait ! Il en sortait en sueur, épuisé, comme après un acte violent d’héroïsme.

On était dans les derniers jours d’octobre, depuis un mois Clotilde était partie, lorsque Pascal, un matin, eut une brusque suffocation. À plusieurs reprises déjà, il avait éprouvé ainsi de légers étouffements, qu’il mettait sur le compte du travail. Mais, cette fois, les symptômes furent si nets, qu’il ne put s’y tromper : une douleur poignante dans la région du cœur, qui gagnait toute la poitrine et descendait le long du bras gauche, une affreuse sensation d’écrasement et d’angoisse, tandis qu’une sueur froide l’inondait. C’était une crise d’angine de poitrine. L’accès ne dura guère plus d’une minute, et il resta d’abord plus surpris qu’effrayé. Avec cet aveuglement que les médecins gardent parfois sur l’état de leur propre santé,