Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/390

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

contré ses yeux limpides, qui s’ouvraient ravis, désireux de la lumière. Que disait-il, le petit être, pour qu’elle sentît battre son cœur, sous le sein qu’il épuisait ? Quelle bonne parole annonçait-il, avec la légère succion de sa bouche ? À quelle cause donnerait-il son sang, lorsqu’il serait un homme, fort de tout ce lait qu’il aurait bu ? Peut-être ne disait-il rien, peut-être mentait-il déjà, et elle était si heureuse pourtant, si pleine d’une absolue confiance en lui !

De nouveau, les cuivres lointains éclatèrent en fanfares. Ce devait être l’apothéose, la minute où la grand-mère Félicité, avec sa truelle d’argent, posait la première pierre du monument élevé à la gloire des Rougon. Le grand ciel bleu, que réjouissaient les gaietés du dimanche, était en fête. Et, dans le tiède silence, dans la paix solitaire de la salle de travail, Clotilde souriait à l’enfant, qui tétait toujours, son petit bras en l’air, tout droit, dressé comme un drapeau d’appel à la vie.


FIN