qu’un peuple supérieur, infiniment sage et heureux. Dans l’Inde, est-ce qu’en sept générations, on ne faisait pas d’un soudra un brahmane, haussant ainsi expérimentalement le dernier des misérables au type humain le plus achevé ? Et, comme, dans son étude sur la phtisie, il avait conclu qu’elle n’était pas héréditaire, mais que tout enfant de phtisique apportait un terrain dégénéré où la phtisie se développait avec une facilité rare, il ne songeait plus qu’à enrichir ce terrain appauvri par l’hérédité, pour lui donner la force de résister aux parasites, ou plutôt aux ferments destructeurs qu’il soupçonnait dans l’organisme, longtemps avant la théorie des microbes. Donner de la force, tout le problème était là ; et donner de la force, c’était aussi donner de la volonté, élargir le cerveau en consolidant les autres organes.
Vers ce temps, le docteur, lisant un vieux livre de médecine du quinzième siècle, fut très frappé par une médication, dite « médecine des signatures ». Pour guérir un organe malade, il suffisait de prendre à un mouton ou à un bœuf le même organe sain, de le faire bouillir, puis d’en faire avaler le bouillon. La théorie était de réparer par le semblable, et dans les maladies de foie surtout, disait le vieil ouvrage, les guérisons ne se comptaient plus. Là-dessus, l’imagination du docteur travailla. Pourquoi ne pas essayer ? Puisqu’il voulait régénérer les héréditaires affaiblis, à qui la substance nerveuse manquait, il n’avait qu’à leur fournir de la substance nerveuse, normale et saine. Seulement, la méthode du bouillon lui parut enfantine, il inventa de piler dans un mortier de la cervelle et du cervelet de mouton, en mouillant avec de l’eau distillée, puis de décanter et de filtrer la liqueur ainsi obtenue. Il expérimenta ensuite sur ses malades cette liqueur mêlée à du vin de Malaga, sans en tirer aucun résultat appréciable. Brusquement, comme il se décourageait, il eut une inspi-