Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/65

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gardait de lui une image nette, élégante et vive. La face s’était creusée, les cheveux s’éclaircissaient, semés de fils blancs. Pourtant, elle finit par le retrouver, avec sa tête jolie et fine, d’une grâce inquiétante de fille, jusque dans sa décrépitude précoce.

— Comme tu te portes bien, toi ! dit-il simplement, en embrassant sa sœur.

— Mais, répondit-elle, il faut vivre au soleil… Ah ! que je suis heureuse de te voir !

Pascal, de son coup d’œil de médecin, avait fouillé à fond son neveu. Il l’embrassa à son tour.

— Bonjour, mon garçon… Et elle a raison, vois-tu, on ne se porte bien qu’au soleil, comme les arbres !

Vivement, Félicité était allée jusqu’à la maison. Elle revint en criant :

— Charles n’est donc pas ici ?

— Non, dit Clotilde. Nous l’avons eu hier. L’oncle Macquart l’a emmené, et il doit passer quelques jours aux Tulettes.

Félicité se désespéra. Elle n’était accourue que dans la certitude de trouver l’enfant chez Pascal. Comment faire, maintenant ? Le docteur, de son air paisible, proposa d’écrire à l’oncle, qui le ramènerait, dès le lendemain matin. Puis, quand il sut que Maxime voulait absolument repartir par le train de neuf heures, sans coucher, il eut une autre idée. Il allait envoyer chercher un landau, chez le loueur, et l’on irait tous les quatre voir Charles, chez l’oncle Macquart. Ce serait même une charmante promenade. Il n’y avait pas trois lieues de Plassans aux Tulettes : une heure pour aller, une heure pour revenir, on aurait encore près de deux heures à rester là-bas, si l’on voulait être de retour à sept heures. Martine ferait à dîner, Maxime aurait tout le temps de manger et de prendre son train.