Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/91

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mettre toutes les forces de son intelligence à la mieux connaître.

Elle eut un geste d’insouciance et de bravade à la fois ; et la conversation tomba. Maintenant, elle sabrait le pastel à larges coups de crayon bleu, elle en détachait le flamboiement sur une limpide nuit d’été.

Mais, deux jours plus tard, à la suite d’une nouvelle discussion, les choses se gâtèrent encore. Le soir, au sortir de table, Pascal était remonté travailler dans la salle, pendant qu’elle restait dehors, assise sur la terrasse. Des heures s’écoulèrent, il fut tout surpris et inquiet, lorsque sonna minuit, de ne pas l’avoir entendue rentrer dans sa chambre. Elle devait passer par la salle, il était bien certain qu’elle ne l’avait point traversée, derrière son dos. En bas, quand il fut descendu, il constata que Martine dormait. La porte du vestibule n’était pas fermée à clef, Clotilde s’était sûrement oubliée dehors. Cela lui arrivait parfois, pendant les nuits chaudes ; mais jamais elle ne s’attardait à ce point.

L’inquiétude du docteur augmenta, lorsque, sur la terrasse, il aperçut, vide, la chaise où la jeune fille avait dû rester assise longtemps. Il espérait l’y trouver endormie. Puisqu’elle n’y était plus, pourquoi n’était-elle pas rentrée ? où pouvait-elle s’en être allée, à une pareille heure ? La nuit était admirable, une nuit de septembre, brûlante encore, avec un ciel immense, criblé d’étoiles, dans son infini de velours sombre ; et, au fond de ce ciel sans lune, les étoiles luisaient si vives et si larges, qu’elles éclairaient la terre. D’abord, il se pencha sur la balustrade de la terrasse, examina les pentes, les gradins de pierres sèches, qui descendaient jusqu’à la voie du chemin de fer ; mais rien ne remuait, il ne voyait que les têtes rondes et immobiles des petits oliviers. L’idée alors lui vint qu’elle était sans doute sous les platanes, près de la