Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/14

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la colère lui desserra les lèvres, elle parla de sa nourrice.

— Ah ! bien sûr que maman Nini vous aurait battus. Elle me défendait, elle, quoique tout de même elle m’allongeât des claques… Ah ! bien sûr que je n’étais pas si malheureuse, là-bas, avec les bêtes…

Sa voix s’étranglait, elle continuait, en phrases coupées, incohérentes, à parler des près où elle conduisait la Rousse, du grand chemin où l’on jouait, des galettes qu’on faisait cuire, d’un gros chien qui l’avait mordue.

Hubert l’interrompit, lisant tout haut :

— « En cas de maladie grave ou de mauvais traitements, le sous-inspecteur est autorisé à changer les enfants de nourrice. »

Au-dessous, il y avait que l’enfant Angélique, Marie, avait été confiée, le 20 juin 1860, à Thérèse, femme de Louis Franchomme, tous les deux fleuristes, demeurant à Paris.

— Bon ! je comprends, dit Hubertine. Tu as été malade, on t’a ramenée à Paris.

Mais ce n’était pas encore ça, les Hubert ne surent toute l’histoire que lorsqu’ils l’eurent tirée d’Angélique, morceau à morceau. Louis Franchomme, qui était le cousin de maman Nini, avait dû retourner vivre un mois dans son village, afin de se remettre d’une fièvre ; et c’était alors que sa femme Thérèse, se prenant d’une grande tendresse