Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/147

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l’aimerait jamais ! Une telle souffrance lui étreignit le cœur, que ses yeux pâlirent.

— Mademoiselle, n’est-ce pas vous qui monterez la mitre ?

— Non, mère fera ça beaucoup mieux… Je suis trop contente de ne plus avoir à y toucher.

— Vous n’aimez donc pas votre travail ?

— Moi !… Je n’aime rien.

Il fallut qu’Hubertine, sévèrement, la fit taire. Et elle pria Félicien d’excuser cette enfant nerveuse, elle lui dit que le lendemain, de bonne heure, la mitre serait à sa disposition. C’était un congé, mais il ne s’en allait pas, il regardait le vieil atelier, plein d’ombre et de paix, comme si on l’eût chassé du paradis. Il avait eu là l’illusion d’heures si douces, il sentait si douloureusement que son cœur y restait, arraché ! Ce qui le torturait, c’était de ne pouvoir s’expliquer, d’emporter l’affreuse incertitude. Enfin, il dut partir.

La porte à peine refermée, Hubert demanda :

— Qu’as-tu donc, mon enfant ? Es-tu souffrante ?

— Eh ! non, c’est ce garçon qui m’ennuyait. Je ne veux plus le voir.

Et Hubertine conclut alors :

— C’est bon, tu ne le verras plus. Seulement, rien n’empêche d’être polie.

Angélique, sous un prétexte, n’eut que le temps