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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/170

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Quand elle eut enlevé soigneusement les papiers fins qui les protégeaient, ils apparurent, tous les trois consacrés à Marie : la Vierge recevant la visite de l’Ange, la Vierge pleurant au pied de la croix, la Vierge montant au ciel. Ils dataient du quinzième siècle, en soie nuancée sur fond d’or, d’une conservation merveilleuse ; et les brodeurs, qui en avaient refusé de grosses sommes, en étaient très fiers.

— Mère, c’est moi qui les accroche !

C’était toute une affaire. Hubert passa la matinée à nettoyer la vieille façade. Il emmanchait un balai au bout d’un bâton, il époussetait les pans de bois garnis de briques, jusqu’aux charpentes du comble ; puis, il lavait à l’éponge le soubassement de pierre, ainsi que toutes les parties de la tourelle d’escalier qu’il pouvait atteindre. Et les trois morceaux brodés, alors, prenaient leurs places. Angélique les accrocha, par les anneaux, aux clous séculaires, l’Annonciation sous la fenêtre de gauche, l’Assomption sous celle de droite ; quant au Calvaire, il avait ses clous au-dessus de la grande fenêtre du rez-de-chaussée, et elle dut sortir une échelle pour l’y pendre à son tour. Déjà elle avait garni de fleurs les fenêtres, l’antique logis semblait revenu au temps lointain de sa jeunesse, avec ces broderies d’or et de soie rayonnante dans le beau soleil de fête.

Depuis le déjeuner, toute la rue des Orfèvres