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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/194

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comme dans un lieu familier, où chaque arbre lui était connu. Et, tournant à droite, sous un saule, elle n’eut qu’à étendre les mains pour rencontrer les mains de celui qu’elle savait être là, à l’attendre.

Un instant, muette, Angélique serra dans les siennes les mains de Félicien. Ils ne pouvaient se voir, le ciel s’était couvert d’une nuée de chaleur, que la lune à son lever, amincie, n’éclairait pas encore. Et elle parla dans les ténèbres, tout son cœur se soulagea de sa grande joie.

— Ah ! mon cher seigneur, que je vous aime et que je vous remercie !

Elle riait de le connaître enfin, elle le remerciait d’être jeune, beau, riche, plus encore qu’elle ne l’espérait. C’était une gaieté sonnante, le cri d’émerveillement et de gratitude devant ce cadeau d’amour que lui faisait son rêve.

— Vous êtes le roi, vous êtes mon maître, et me voici à vous, je n’ai que le regret d’être si peu… Mais j’ai l’orgueil de vous appartenir, cela suffit que vous m’aimiez, pour que je sois reine à mon tour… J’avais beau savoir et vous attendre, mon cœur s’est élargi, depuis que vous y êtes devenu si grand… Ah ! mon cher seigneur, que je vous remercie et que je vous aime !

Alors, doucement, il lui passa son bras à la taille, il l’emmena, en disant :

— Venez chez moi.

Il lui fit gagner le fond du Clos-Marie, au travers