Aller au contenu

Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais déjà il lui serrait les mains, d’une étreinte qui l’enveloppait toute.

— C’est fait. Il suffit que vous désiriez une chose, pour qu’elle soit faite, malgré les obstacles. Je n’ai plus qu’une raison d’être, celle de vous obéir.

Alors, elle rayonna.

— Nous nous marierons, nous nous aimerons toujours, nous ne nous quitterons jamais plus.

Elle n’en doutait pas, cela s’accomplirait dès le lendemain, avec cette aisance des miracles de la Légende. L’idée du plus léger empêchement, du moindre retard, ne lui venait même point. Pourquoi, puisqu’ils s’aimaient ; les aurait-on séparés davantage ? On s’adore, on se marie, et c’est très simple. Elle en avait une grande joie tranquille.

— C’est dit, tapez-moi dans la main, reprit-elle en plaisantant.

Il porta la petite main à ses lèvres.

— C’est dit.

Et, comme elle partait, dans la crainte d’être surprise par l’aube, ayant une hâte aussi d’en finir avec son secret, il voulut la reconduire.

— Non, non, nous n’arriverions pas avant le jour. Je retrouverai, bien ma route… À demain.

— À demain.

Félicien obéit, se contenta de regarder partir Angélique, et elle courait sous les ormes sombres, elle courait le long de la Chevrotte baignée de