Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/307

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chaînettes. Une nuée odorante bleuissait dans l’air, on encensait l’évêque, le clergé, l’autel, l’Évangile, chaque personne et chaque chose à son tour, jusqu’aux masses profondes du peuple, de trois coups, à droite, à gauche, et en face.

Cependant, Angélique et Félicien, à genoux, écoutaient dévotement la messe, qui est la consommation mystérieuse du mariage de Jésus et de l’Église. On leur avait mis en la main, à chacun, une chandelle ardente, symbole de la virginité conservée depuis le baptême. Après l’oraison dominicale, ils étaient restés sous le voile, signe de soumission, de pudeur et de modestie, pendant que le prêtre, debout du côté de l’Épître, lisait les prières prescrites. Ils tenaient toujours les chandelles ardentes, qui sont aussi un avertissement de songer à la mort, même dans la joie des justes noces. Et c’était fini, l’offrande était faite, le célébrant s’en allait, accompagné du cérémoniaire, des thuriféraires et des acolytes, après avoir prié Dieu de bénir les époux, afin qu’ils voient croître et multiplier leurs enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération.

À ce moment, la cathédrale entière exulta. Les orgues entamèrent la marche triomphale, dans un tel éclat de foudre, que le vieil édifice en tremblait. Frémissante, la foule était debout, se haussait pour voir ; des femmes montaient sur les chaises, il y avait des rangs pressés de têtes, jusqu’au fond