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LES ROUGON-MACQUART.

dernier coup d’œil à la fonte du saindoux, avait, de son côté, découvert les deux marmites, où les graisses bouillaient lourdement, en laissant échapper, de chacun de leurs bouillons crevés, une légère explosion d’âcre vapeur. Le flot gras avait monté depuis le commencement de la veillée ; maintenant il noyait le gaz, emplissait la pièce, coulait partout, mettant dans un brouillard les blancheurs roussies de Quenu et de ses deux garçons. Lisa et Augustine s’étaient levées. Tous soufflaient comme s’ils venaient de trop manger.

Augustine monta sur ses bras Pauline endormie. Quenu, qui aimait à fermer lui-même la cuisine, congédia Auguste et Léon, en disant qu’il rentrerait le boudin. L’apprenti se retira très-rouge ; il avait glissé dans sa chemise près d’un mètre de boudin, qui devait le griller. Puis, les Quenu et Florent, restés seuls, gardèrent le silence. Lisa, debout, mangeait un morceau de boudin tout chaud, qu’elle mordait à petits coups de dents, écartant ses belles lèvres pour ne pas les brûler ; et le bout noir s’en allait peu à peu dans tout ce rose.

— Ah bien ! dit-elle, la Normande a eu tort d’être mal polie… Il est bon, aujourd’hui, le boudin.

On frappa à la porte de l’allée, Gavard entra. Il restait tous les soirs chez monsieur Lebigre jusqu’à minuit. Il venait pour avoir une réponse définitive, au sujet de la place d’inspecteur à la marée.

— Vous comprenez, expliqua-t-il, monsieur Verlaque ne peut attendre davantage, il est vraiment trop malade… Il faut que Florent se décide. J’ai promis de donner une réponse demain, à la première heure.

— Mais Florent accepte, répondit tranquillement Lisa, en donnant un nouveau coup de dents dans son boudin.

Florent, qui n’avait pas quitté sa chaise, pris d’un étrange accablement, essaya vainement de se lever et de protester.