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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/151

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POT-BOUILLE

Il fallait en finir. L’affaire pressait. Alors, madame Josserand résolut de poser carrément la situation.

— Puisque nous voilà en famille, reprit-elle, profitons-en… Laissez-nous, mes chéries : nous avons à causer avec votre oncle… Toi, Berthe, veille un peu sur Saturnin, qu’il ne démonte pas encore les serrures.

Saturnin, depuis qu’on s’occupait du mariage de sa sœur, en se cachant de lui, rôdait par les pièces, l’œil inquiet, flairant quelque chose ; et il avait des imaginations diaboliques, dont la famille restait consternée.

— J’ai pris tous mes renseignements, dit la mère, lorsqu’elle se fut enfermée avec le père et l’oncle. Voici où en sont les Vabre.

Longuement, elle donna des chiffres. Le vieux Vabre avait apporté de Versailles un demi-million. Si la maison lui avait coûté trois cent mille francs, il lui en était resté deux cent mille, qui, depuis douze ans, produisaient des intérêts. En outre, chaque année, il touchait vingt-deux mille francs de loyers ; et, comme il vivait chez les Duveyrier sans presque rien dépenser, il devait par conséquent posséder en tout cinq ou six cent mille francs, plus la maison. Ainsi, de ce côté, de fort belles espérances.

— Il n’a donc pas de vice ? demanda l’oncle Bachelard. Je croyais qu’il jouait à la Bourse.

Mais madame Josserand se récria. Un vieux si tranquille, plongé dans de si grands travaux ! Au moins, celui-là s’était montré assez capable pour mettre une fortune de côté ; et elle souriait amèrement, en regardant son mari, qui baissa la tête.

Quant aux trois enfants de M. Vabre, Auguste, Clotilde et Théophile, ils avaient eu chacun cent mille francs à la mort de leur mère. Théophile, après des