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POT-BOUILLE

Sans attendre, Bachelard installa M. Josserand dans l’embrasure de cette fenêtre, pour respirer, disait-il ; puis, à l’aide d’une manœuvre habile, il y amena Duveyrier ; et, vivement, il entama l’affaire. Les deux familles s’unissaient donc par un lien étroit : il en était très honoré. Ensuite, il demanda le jour de la signature du contrat, ce qui lui servit de transition.

— Nous comptions vous rendre visite demain, Josserand et moi, pour tout régler, car nous n’ignorons pas que monsieur Auguste ne fait rien sans vous… C’est au sujet du paiement de la dot, et ma foi, puisque nous sommes bien ici…

M. Josserand, repris d’angoisse, regardait l’enfoncement sombre de la rue de la Cerisaie, aux trottoirs déserts, aux façades mortes. Il regrettait d’être venu. On allait encore profiter de sa faiblesse, pour l’engager dans quelque sale histoire, dont il souffrirait. Une révolte lui fit interrompre son beau-frère.

— Plus tard. Ce n’est pas l’endroit, vraiment.

— Mais pourquoi donc ? s’écria Duveyrier, très gracieux. Nous sommes ici mieux que partout ailleurs… Vous disiez, monsieur ?

— Nous donnons cinquante mille francs à Berthe, continua l’oncle. Seulement, ces cinquante mille francs sont représentés par une assurance dotale à échéance de vingt années, que Josserand a mise sur la tête de sa fille, lorsque celle-ci avait quatre ans. Elle ne doit donc toucher la somme que dans trois ans…

— Permettez ! interrompit encore le caissier effaré.

— Non, laissez-moi finir, monsieur Duveyrier comprend parfaitement… Nous ne voulons pas que le jeune ménage attende pendant trois années un argent dont il peut avoir besoin tout de suite, et nous nous engageons à payer la dot par échéances de dix mille francs, de six mois en six mois, quittes à