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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/195

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POt-BOUILLE

querelles pour rien du tout. Des changements d’humeur à chaque minute, riant, pleurant, sans que je sache pourquoi. Et des sentiments absurdes, des idées à vous renverser, une perpétuelle démangeaison de faire enrager le monde… Enfin, monsieur, mon intérieur est devenu un enfer.

— C’est bien curieux, murmura Octave, qui sentait la nécessité de dire quelque chose.

Alors, le mari, blême et se grandissant sur ses courtes jambes, pour dominer le ridicule, en vint à ce qu’il appelait la mauvaise conduite de cette malheureuse. Deux fois, il l’avait soupçonnée ; mais il était trop honnête, une telle idée ne pouvait lui entrer dans le cerveau. Cette fois, pourtant, il fallait se rendre à l’évidence. Impossible de douter, n’est-ce pas ? Et, de ses doigts tremblants, il tâtait la poche de son gilet où se trouvait la lettre.

— Encore, si elle faisait ça pour de l’argent, je comprendrais, ajouta-t-il. Mais on ne lui en donne pas, j’en suis sûr, je le saurais… Alors, dites-moi ce qu’elle peut avoir dans la peau ? Moi, je suis très gentil, elle a tout à la maison, je ne comprends pas… Si vous comprenez, monsieur, dites-le-moi, je vous en prie.

— C’est bien curieux, bien curieux, répéta Octave, gêné de toutes ces confidences, et cherchant à se dégager.

Mais le mari ne le lâchait plus, fiévreux, travaillé d’un besoin de certitude. À ce moment, madame Juzeur reparut, alla dire un mot à l’oreille de madame Josserand, qui saluait d’une révérence l’entrée d’un grand bijoutier du Palais-Royal ; et celle-ci, toute retournée, se hâta de la suivre.

— Je crois que votre femme a une crise très violente, fit remarquer Octave à Théophile.

— Laissez donc ! répondit ce dernier furieux, déses-