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LES ROUGON-MACQUART

sait très animée. Mais elles se turent en l’apercevant, la mère le regarda d’un air terrible.

— Alors, monsieur, dit-elle, c’est ainsi que vous aimez la maison ?… Vous entrez dans les complots des ennemis de ma fille.

Il voulut se défendre, expliquer les faits. Mais elle lui fermait la bouche, elle l’accusait d’avoir passé la nuit, avec les Duveyrier, à chercher le testament, pour y introduire des choses. Et, comme il riait, en demandant quel intérêt il aurait eu à cela, elle reprit :

— Votre intérêt, votre intérêt… Bref ! monsieur, vous deviez accourir nous prévenir, puisque Dieu voulait bien vous rendre témoin de l’accident. Quand on pense que, sans moi, ma fille ne saurait rien encore ! Oui, on la dépouillait, si je n’avais pas dégringolé l’escalier, à la première nouvelle… Eh ! votre intérêt, votre intérêt, monsieur, est-ce qu’on sait ? Madame Duveyrier a beau être très fanée, il y a encore des gens peu difficiles pour s’en contenter peut-être.

— Oh ! maman ! dit Berthe, Clotilde qui est si honnête !

Mais madame Josserand haussa les épaules de pitié.

— Laisse donc ! tu sais bien qu’on fait tout pour de l’argent !

Octave dut leur conter l’histoire de l’attaque. Elles se lançaient des coups d’œil : évidemment, selon le mot de la mère, il y avait eu des manœuvres. Clotilde était vraiment trop bonne de vouloir épargner des émotions à la famille ! Enfin, elles laissèrent le jeune homme se mettre au travail, tout en gardant des doutes sur son rôle dans l’affaire. Leur explication vive continuait.

— Et qui est-ce qui paiera cinquante mille francs inscrits dans le contrat ? dit madame Josserand. Lui sous la terre, on pourra courir après, n’est-ce pas ?

— Oh ! les cinquante mille francs ! murmura Berthe