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POT-BOUILLE

Là-haut, des soucis de ménage l’occupèrent pendant la première demi-heure. Pour vaincre la répulsion de la jeune femme, il avait promis de changer les draps et d’apporter lui-même tout le linge nécessaire. Il refit donc le lit, longuement, maladroitement, avec la peur d’être entendu. Ensuite, comme Trublot, il s’assit sur une malle, il tâcha de patienter. Les bonnes montaient se coucher, une à une ; et c’étaient, à travers les cloisons minces, des bruits de femmes qui se déshabillent et se soulagent. Une heure sonna, puis le quart, puis la demie. L’inquiétude le prenait, pourquoi se faisait-elle attendre ? Elle avait dû quitter les Josserand vers une heure au plus tard ; le temps de rentrer chez elle et de ressortir par l’escalier de service, cela ne demandait pas dix minutes. Quand deux heures sonnèrent, il imagina des catastrophes. Enfin, il eut un soupir de soulagement, en croyant reconnaître son pas. Et il ouvrit, pour l’éclairer. Mais une surprise l’immobilisa. Devant la porte d’Adèle, Trublot, plié en deux, regardait par le trou de la serrure. Il se releva, effrayé de cette brusque lumière.

— Comment ! encore vous ! murmura Octave contrarié.

Trublot se mit à rire, sans paraître le moins du monde étonné de le trouver là, à une pareille heure de nuit.

— Imaginez-vous, expliqua-t-il très bas, cette bête d’Adèle ne m’a pas donné sa clef ; alors, comme elle est allée retrouver Duveyrier, dans son appartement… Hein ? qu’avez-vous ? Ah ! vous ne saviez pas que Duveyrier couchait avec. Parfaitement, mon cher ! Il s’est bien remis avec sa femme, qui se résigne de temps à autre ; seulement, elle le rationne, et il est tombé sur Adèle… C’est commode, quand il vient à Paris.

Il s’interrompit, se baissa de nouveau, puis ajouta entre ses dents :