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LES ROUGON-MACQUART

ça ! vrai, il n’y avait pas de quoi les effrayer ainsi !

— Mais c’est fini, monsieur le curé, déclara Clémence, en adressant à Hippolyte un regard de femme reconquise. Nous sommes remis ensemble… Oui, il m’a expliqué.

Le prêtre, à son tour, montra un étonnement plein de tristesse.

— Vous ne me comprenez pas, mes enfants. Vous ne pouvez continuer à vivre ensemble, vous offensez Dieu et les hommes… Il faut vous marier.

Du coup, leur stupéfaction reparut. Se marier, pour quoi faire ?

— Moi, je ne veux pas, dit Clémence. J’ai une autre idée.

Alors, l’abbé Mauduit tâcha de convaincre Hippolyte.

— Voyons, mon garçon, vous qui êtes un homme, décidez-la, parlez-lui de son honneur… Ça ne changera rien dans votre vie. Mariez-vous.

Le domestique riait d’un rire farceur et embarrassé. Enfin, il déclara, en regardant la pointe de ses chaussons :

— Bien sûr, je ne dis pas, mais je suis marié.

Cette réponse coupa net la morale du prêtre. Sans ajouter une parole, il replia ses arguments, il remit en poche Dieu inutile, désolé de l’avoir risqué dans une telle avanie. Clotilde qui le rejoignait, venait d’entendre ; et, d’un geste, elle lâcha tout. Sur son ordre, le valet et la femme de chambre sortirent, l’un derrière l’autre, très amusés au fond, l’air sérieux. L’abbé, après un silence, se plaignit amèrement : pourquoi l’exposer ainsi ? pourquoi remuer des choses qu’il valait mieux laisser dormir ? Maintenant, la situation était tout à fait malpropre. Mais Clotilde répétait son geste : tant pis ! elle avait d’autres tracas. D’ailleurs, elle ne renverrait certainement pas les domestiques, de peur que