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LES ROUGON-MACQUART

ramena. Elle l’apaisait, tandis que, hagard, les yeux méfiants, il fouillait les coins, avec la fièvre d’un chien longtemps enfermé.

— Est-il bête ! disait Berthe, il croit qu’on vient de me marier. Et il cherche le mari ! Va, mon pauvre Saturnin, tu peux chercher… Puisque je te dis que c’est raté ! Tu sais bien que ça rate toujours.

Alors, madame Josserand éclata.

— Ah ! je vous jure que ça ne ratera pas cette fois, quand je devrais moi-même l’attacher par la patte ! Il y en a un qui va payer pour les autres… Oui, oui, monsieur Josserand, vous avez beau me dévisager, avec l’air de ne pas comprendre : la noce se fera, et sans vous, si ça vous déplaît… Entends-tu, Berthe, tu n’as qu’à le ramasser, celui-là !

Saturnin paraissait ne pas entendre. Il regardait sous la table. La jeune fille le montra d’un signe ; mais madame Josserand eut un geste, comme pour déclarer qu’on le ferait disparaître. Et Berthe murmura :

— C’est donc monsieur Vabre, décidément ? Oh ! ça m’est égal… Dire pourtant qu’on ne m’a pas gardé un sandwich !