que le mioche ne passera pas avant une demi-heure.
Peu à peu, l’ivresse lui ôtait de son respect. Il avait retourné sa chaise, il fumait dans le nez du monde, envoyant des clignements d’yeux aux femmes, regardant les hommes d’un air provoquant. Au pont Notre-Dame, à quelques pas, il se produisit des embarras de voitures ; les chevaux piaffaient d’impatience, des uniformes de hauts fonctionnaires et d’officiers supérieurs, brodés d’or, constellés de décorations, se montraient aux portières.
— En voilà de la quincaillerie ! murmura Gilquin, avec un sourire d’homme supérieur.
Mais, comme un coupé arrivait par le quai de la Mégisserie, il faillit d’un saut renverser la table, il s’écria :
— Tiens ! Rougon !
Et, debout, de sa main gantée, il saluait. Puis, craignant de ne pas être vu, il prit son chapeau de paille, il l’agita. Rougon, dont le costume de sénateur était très-regardé, se renfonça vite dans un coin du coupé. Alors, Gilquin l’appela, en se faisant un porte-voix de son poing à demi-fermé. En face, sur le trottoir, la foule s’attroupait, se retournait, pour voir à qui en avait ce grand diable, habillé de coutil jaune. Enfin, le cocher put fouetter son cheval, le coupé s’engagea sur le pont Notre-Dame.
— Taisez-vous donc ! dit à voix étouffée madame Correur, en saisissant l’un des bras de Gilquin.
Il ne voulut pas s’asseoir tout de suite. Il se haussait, pour suivre le coupé, au milieu des autres voitures. Et il lança une dernière phrase, derrière les roues qui fuyaient.
— Ah ! le lâcheur, c’est parce qu’il a de l’or sur son paletot, maintenant ! Ça n’empêche pas, mon gros, que