un plateau de vermeil. Cependant, plusieurs invités étaient déjà montés au fumoir. L’impératrice venait de se retirer avec quelques dames dans le salon de famille, à gauche de la galerie. On se disait à l’oreille qu’elle avait témoigné un vif mécontentement de l’étrange attitude de Clorinde, pendant le dîner. Elle s’efforçait d’introduire à la cour, durant le séjour à Compiègne, une décence bourgeoise, un amour des jeux innocents et des plaisirs champêtres. Elle montrait une haine personnelle, comme une rancune, contre certaines extravagances.
M. de Plouguern avait emmené Clorinde à l’écart, pour lui faire un bout de morale. À la vérité, il voulait la confesser. Mais elle jouait une grande surprise. Où prenait-on qu’elle se fût compromise avec le comte de Marsy ? Ils avaient plaisanté ensemble, rien de plus.
— Tiens, regarde ! murmura le vieux sénateur.
Et, poussant la porte entre-bâillée d’un petit salon voisin, il lui montra madame de Llorentz faisant une scène abominable à M. de Marsy. Il les avait vus entrer. La belle blonde, affolée, se soulageait avec des mots très-gros, perdant toute mesure, oubliant que les éclats de sa voix pouvaient amener un affreux scandale. Le comte, un peu pâle, souriant, la calmait en parlant rapidement, doucement, à voix basse. Le bruit de la querelle étant parvenu dans la galerie des Cartes, les invités qui entendirent, s’en allèrent du voisinage du petit salon, par prudence.
— Tu veux donc qu’elle affiche les fameuses lettres aux quatre coins du château ? demanda M. de Plouguern, qui s’était remis à marcher, après avoir donné le bras à la jeune femme.
— Eh ! ce serait drôle ! dit-elle en riant.
Alors, tout en serrant son bras nu avec une ardeur de