— Monsieur de Marsy, n’est-ce pas ?
Elle répondit oui d’un signe de tête, en rejetant derrière son épaule une bouffée de fumée.
— Le chevalier Rusconi ?
Elle répondit encore oui.
— Monsieur Lebeau, monsieur de Salneuve, monsieur Guyot-Laplanche ?
Elle répondait toujours oui. Pourtant, au nom de M. de Plouguern, elle protesta. Celui-là, non. Et elle acheva son verre de chartreuse, à petits coups de langue, la mine triomphante.
Rougon s’était levé. Il alla au fond de la pièce, revint derrière elle, lui dit dans la nuque :
— Pourquoi pas avec moi, alors ?
Elle se retourna brusquement, de peur qu’il ne lui baisât les cheveux.
— Avec vous ? mais c’est inutile ! Pour quoi faire, avec vous ?… C’est bête, ce que vous dites là ! Avec vous, je n’avais pas besoin de plaider votre cause.
Et, comme il la regardait, pris d’une colère blanche, elle partit d’un grand éclat de rire.
— Ah ! l’innocent ! on ne peut seulement pas plaisanter, il croit tout ce qu’on lui dit !… Voyons, mon cher, me pensez-vous capable de mener un pareil commerce ? Et pour vos beaux yeux encore ! D’ailleurs, si j’avais commis toutes ces vilenies, je ne vous les raconterais pas, bien sûr… Non, vrai, vous êtes amusant !
Rougon resta un moment décontenancé. Mais la façon ironique dont elle se démentait, la rendait plus provocante ; et toute sa personne, le rire de sa gorge, la flamme de ses yeux, répétait ses aveux, disait toujours oui. Il allongeait les bras pour la prendre par la taille, lorsqu’on frappa une troisième fois.
— Tant pis ! murmura-t-elle, je garde ma cigarette.