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Page:Emile Zola - Son Excellence Eugène Rougon.djvu/317

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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

— Une filature qui vous appartient, je crois… On m’a parlé de votre nouveau système de cardage pour les laines. Je tâcherai de trouver un instant afin de visiter toutes ces merveilles.

Il demanda des détails sur la puissance motrice de la rivière. Selon lui, les moteurs hydrauliques, dans de bonnes conditions, avaient d’énormes avantages. Et il émerveilla le maire par ses connaissances techniques. Les autres voitures suivaient, un peu débandées. Des conversations arrivaient, hérissées de chiffres, au milieu du trot assourdi des chevaux. Un rire perlé sonna, qui fit tourner toutes les têtes : c’était la femme du proviseur, dont l’ombrelle venait de s’envoler sur un tas de cailloux.

— Vous possédez une ferme par ici, reprit Rougon en souriant au député. La voilà, sur ce coteau, si je ne me trompe… Des prairies superbes ! Je sais, d’ailleurs, que vous vous occupez d’élevage, et que vous avez eu des vaches couronnées, aux derniers comices agricoles.

Alors, ils parlèrent bestiaux. Les prairies, trempées de soleil, avaient une douceur de velours vert. Toute une nappe de fleurs y naissaient. Des rideaux de grands peupliers ménageaient des échappées d’horizon, des coins de paysage adorables. Une vieille femme qui conduisait un âne, dut arrêter la bête au bord du chemin, pour laisser passer le cortége. Et l’âne se mit à braire, effaré par cette procession de voitures, dont les panneaux vernis luisaient dans la campagne. Les dames en toilette, les hommes gantés, tinrent leur sérieux.

On monta, à gauche, une légère pente ; puis, on redescendit. On était arrivé. C’était un creux dans les terres, le cul-de-sac d’un étroit vallon, une sorte de trou étranglé entre trois coteaux qui faisaient muraille. De la campagne environnante, en levant les yeux, on ne voyait, sur le ciel clair, que les carcasses crevées de deux