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Page:Emile Zola - Son Excellence Eugène Rougon.djvu/423

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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

barras de M. La Rouquette était aussi bien divertissant. Alors, madame Correur, qui avait gardé jusque-là, au fond de la boutique, une dignité souriante de matrone, avança sa grosse face rose. Elle voulait bien faire un échange, elle.

— Non, je ne veux rien, se hâta de dire le jeune député. Prenez tout, je vous donne tout.

Et ils ne s’en allèrent pas, ils restèrent là un instant. Maintenant, à demi-voix, Ils adressaient des galanteries à madame Bouchard, d’un goût douteux. À la voir, les têtes tournaient plus encore que son tourniquet. Que gagnait-on à son joli jeu ? Ça ne valait pas le jeu de pigeon vole ; et ils voulaient lui jouer à pigeon vole toutes sortes de choses aimables. Madame Bouchard baissait les cils, avec un rire de jeune bête ; elle avait un léger balancement de hanches, comme une paysanne dont des messieurs se gaussent, pendant que madame Correur s’extasiait sur elle, en répétant d’un air ravi de connaisseuse :

— Est-elle gentille ! est-elle gentille !

Mais madame Bouchard finit par donner des tapes sur les mains de M. d’Escorailles, qui voulait examiner le mécanisme du tourniquet, en prétendant qu’elle devait tricher. Allaient-ils la laisser tranquille, à la fin ! Et, quand elle les eut renvoyés, elle reprit sa voix engageante de marchande.

— Voyons, messieurs, à vingt sous le coup… Un coup seulement, messieurs.

À ce moment, M. Kahn, debout pour voir par dessus les têtes, se rassit avec précipitation en murmurant :

— Voici Rougon… N’ayons pas l’air, n’est-ce pas ?

Rougon traversait la salle, lentement. Il s’arrêta, joua au tourniquet de madame Bouchard, paya trois louis une des roses de madame de Combelot. Puis, quand il