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UNE PAGE D’AMOUR.

N’est-ce pas, je suis revenue de Trouville vers le dix septembre ? Il pleuvait, la plage était insupportable.

Trois ou quatre dames l’entouraient, tandis qu’elle parlait de son séjour au bord de la mer. Hélène dut se lever et se joindre au groupe.

— Nous avons passé un mois à Dinard, raconta madame de Chermette. Oh ! un pays délicieux, un monde charmant !

— Il y avait un jardin derrière le chalet, puis une terrasse sur la mer, continuait madame Deberle. Vous savez que je m’étais décidée à emmener mon landau et mon cocher… C’est bien plus commode pour les promenades… Mais madame Levasseur est venue nous voir…

— Oui, un dimanche, dit celle-ci. Nous étions à Cabourg… Oh ! vous aviez là une installation tout à fait bien, un peu chère, je crois…

— À propos, interrompit madame Berthier, en s’adressant à Juliette, est-ce que monsieur Malignon ne vous a pas appris à nager ?

Hélène remarqua sur le visage de madame Deberle une gêne, une contrariété subite. Déjà, plusieurs fois, elle avait cru s’apercevoir que le nom de Malignon, prononcé à l’improviste devant elle, l’ennuyait. Mais la jeune femme s’était remise.

— Un beau nageur ! s’écria-t-elle. Si jamais celui-là donne des leçons à quelqu’un !… Moi, j’ai une peur affreuse de l’eau froide. Rien que la vue des gens qui se baignent me fait grelotter.

Et elle eut un joli frisson, en remontant ses épaules potelées, comme un oiseau mouillé qui se secoue.

— Alors, c’est un conte ? dit madame de Guiraud.