Page:Emile Zola - Une page d'amour.djvu/377

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IV


Lorsque madame Deberle apprit la mort de Jeanne, elle pleura, elle eut un de ces coups de passion qui la mettaient en l’air pendant quarante-huit heures. Ce fut un désespoir bruyant, hors de toute mesure. Elle monta se jeter dans les bras d’Hélène. Puis, sur un mot entendu, l’idée de faire à la petite morte des funérailles touchantes, s’empara d’elle et bientôt l’occupa tout entière. Elle s’offrit, elle se chargeait des moindres détails. La mère, épuisée de larmes, restait anéantie sur une chaise. M. Rambaud, qui agissait en son nom, perdait la tête. Il consentit avec des effusions de reconnaissance. Hélène s’éveilla un instant pour dire qu’elle voulait des fleurs, beaucoup de fleurs.

Alors, sans perdre une minute, madame Deberle se donna un mal infini. Elle employa la journée du lendemain à courir chez toutes ces dames, pour leur apprendre l’affreuse nouvelle. Son rêve était d’avoir un défilé de petites filles en robe blanche. Il lui en fallait au moins trente, et elle ne rentra que lors-