jouait, elle, c’était sérieux : elle montait par-dessus les arbres. Juste à ce moment, M. Rambaud parut, conduit par la concierge. Il avait rencontré madame Deberle chez Hélène, et il avait cru pouvoir se présenter, en ne trouvant pas cette dernière à son appartement. Madame Deberle se montra très-aimable, touchée par la bonhomie du digne homme. Puis, elle s’enfonça de nouveau dans un entretien très-vif avec Malignon.
— Bon ami va te pousser ! bon ami va te pousser ! criait Jeanne en sautant autour de sa mère.
— Veux-tu te taire ! Nous ne sommes pas chez nous, dit Hélène, qui affecta un air de sévérité.
— Mon Dieu ! murmura M. Rambaud, si cela vous amuse, je suis à votre disposition. Quand on est à la campagne…
Hélène se laissait tenter. Lorsqu’elle était jeune fille, elle se balançait pendant des heures, et le souvenir de ces lointaines parties l’emplissait d’un sourd désir. Pauline, qui s’était assise avec Lucien au bord de la pelouse, intervint de son air libre de grande fille émancipée.
— Oui, oui, monsieur va vous pousser… Après il me poussera. N’est-ce pas, monsieur, vous me pousserez ?
Cela décida Hélène. La jeunesse qui était en elle, sous la correction froide de sa grande beauté, éclatait avec une ingénuité charmante. Elle se montrait simple et gaie comme une pensionnaire. Surtout, elle n’avait point de pruderie. En riant, elle dit qu’elle ne voulait pas montrer ses jambes, et elle demanda une ficelle, avec laquelle elle noua ses jupes au-dessus de ses chevilles. Puis, montée debout sur la planchette, les bras élargis et se tenant aux cordes, elle cria joyeusement :
— Allez, monsieur Rambaud… Doucement d’abord !