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vent le premier phénomène qui signale un état maladif. le’adulte, au lieu de suivre cet instinct naturel, prend souvent l’anorexie pour la maladie dont elle n’est que l’expression, et veut à toute force réveiller l’appétit par des alimens stimulans ou des boissons excitantes. Il est bien rare que cette pratique ait un autre résultat que d’accroître les incommodités, et l’on doit généralement la rejeter.

Dans les maladies chroniques, excepté dans celles qui occupent l’estomac, L’anorexie s’observe peu ; aussi les digestions se conservent-elles souvent bonnes si ce n’est à une époque avancée et quand la fièvre s’empare des malades.

Ce n’est pas néanmoins que dans quelques circonstances l’anorexie ne doive être combattue par quelques moyens tels que les amers, les aromatiques, les purgatifs ; mais ce sont des moyens dont on a abusé, et qui ne procurent un soulagement passager que pour laisser retomber les individus dans un état plus fâcheux. Tel est le résultat de l’usage habituel ou abusif des pilules gourmandes, ou ante cibum, des grains de santé, de l’elixir de garus et autres moyens semblables de se procurer de l’appétit. Le meilleur remède de l’anorexie, c’est une sobriété habituelle, le soin de tenir le ventre libre, et quelques jours de diète sévère, quand le mal est poussé à un certain degré. Voy. Appétit. F. R.

ANOSMIE, de όσμή, odorat. L’anosmie ou perte de l’odorat est une affection assez rare et peu connue dans la nature. On l’a observée quelquefois comme congénitale ; elle tient alors à quelque vice de conformation de l’appareil olfactif. Dans la plupart des cas, elle dépend d’une maladie de la membrane muqueuse qui revêt l’intérieur du nez ; tels sont les cancers, les polypes. Quelquefois enfin on voit survenir l’anosmie chez les individus qui sont habituellement soumis à l’inspiration de vapeurs piquantes, ou habitant à une atmosphère chargée de substances très odorantes, comme les parfumeurs. V. Odorat.

ANQUETIL. Louis-Pierre Anquetil du Perron naquit à Paris en 1723, d’une honorable famille bourgeoise de


cette ville, et fut l’ainé de sept frères dont l’un se rendit célèbre comme orientaliste et comme voyageur. (Voy. l’article suivant au tom. II ). Il se voua de bonne heure aux études sacrées, et fit sa théologie au prieuré de Sainte-Barbe, sous les auspices du père Le Courayer. Anquetil n’avait pas vingt ans, qu' il fut déjà chargé d’enseigner. Le cours de belles-lettres qu’il fit à l’abbaye de Saint-Jean, à Sens, lui profita autant à lui-même qu’à ses auditeurs : il apprenait en enseignant. À ce premier cours il en joignit un autre de théologie, et quelques années après il partit pour Reims, où la place de directeur du séminaire épiscopal lui imposa d’e nouvelles obligations. Le peu de momens qu’elles lui laissèrent, il les consacra à des travaux littéraires, et c’est à cette époque qu’Anquetil composa son premier ouvrage, l’histoire de Reims. En 1759, la congrégation de France, dite de Sainte-Geneviève, à laquelle il appartenait depuis sa sortie du collége, le nomma prieur de l’abbaye de La Roé, en Anjou, place favorable à son goût pour les études, mais à laquelle il fut bientôt enlevé par le besoin qu’on avait encore de son savoir et de son activité. Le collége de Senlis, dirigé par la congrégation de Sainte-Geneviève, perdait de son ancienne renommée ; Anquetil y fut envoyé comme directeur, pour relever l’établissement. Pendant dix ans il fit de constans efforts, et en même temps il travaillait à propager la vaccine parmi ceux qui l’environnaient. Dans ses momens de loisir il composa l' Esprit de la Ligue, celui de ses ouvrages auquel il dut principalement sa réputation littéraire, et l' Intrigue du Cabinet qui ne contribua pas à l’augmenter. De Senlis, Anquetil passa à Chàteau-Renard, près Montargis, village dont pendant vingt ans il fut le curé, remplissant avec zèle et avec une charité attestée par l’attachement de tout son troupeau le ministère sacré qui lui laissa bien peu de temps pour ses études particulières. Il revint à celles-ci, quand, à l’entrée de la révolution, il fut forcé d’échanget• sa cure contre celle de la Villette, près Paris, où il trouva encore le secret de se faire aimer. C’est là que l' Histoire universelle