année de la 94e olympiade
ou pre-
mière année de la 95e), ce qui donne un
intervalle de 24 ou 25 ans. Cette expli-
cation suffit donc pour disculper Aristo-
phane d'avoir vendu sa plume à Anytus
et à Mélitus. Il est à remarquer d'ailleurs
que, dans VEutyphron de Platon, écrit
long-temps après cette comédie, il est
parlé de Mélitus comme d'un jeune
homme. Toutefois, si le poète se trouve
ainsi justifiéd'imputations
odieuses, nous
ne prétendons pas l'absoudre complète-
ment, quant au résultat. Ces incrimina-
tions, mêlées de bouffonneries,
purent
préparer de loin une accusation plus sé-
rieuse
les griefs articulés au procès,
presque dans les mêmes termes que ceux
de la comédie, sont toujours de corrom-
pre la jeunesse, de mépriser les dieux de
la patrie et d'introduire des dieux étran-
gers. Du reste, il n'est pas hors de pro-
pos de rappeler que le Socrate représenté
dans les Nuées n'avait pas encore atteint
cette hauteur de renommée et de vertu où
il était parvenu 24 ans après, lors de l'ini-
que procès intenté contre lui. A l'exemple
d'Eupolis et d'Amipsias,
autres poètes
comiques, qui n'épargnaient pas les rail-
leries à Socrate, Aristophane le prit pour
représentant des sophistes, qui étaient
alors dans toute leur vogue. Bien connu
de la populace d'Athènes, Socrate faisait
profession de discuter, avecle premier ve-
nu, sur la place publique ou dans les bou-
tiques des barbiers, des cordonniers, etc.;
son extérieur,
ses habitudes, la familia-
rité de son langage et de ses comparai-
sons étaient une bonne fortune pour les
poètes comiques,
qui, lorsqu'ils trou-
vaient le moyen de faire rire, ne se pi-
quaient pas d'un extrême respect pour
les personnes. Ainsi se trouva confondu
avec les sophistes celui qui était leur
plus redoutable adversaire.
Ce qu'il y a de licencieux dans les
comédies d'Aristophane
appartient aux
mœurs de son époque. Quant à son es-
prit, on sait quel cas en faisaient les plus
grands génies de l'antiquité. Si sa gloire a
traversé les siècles, c'estqu'il alliaittoute
la finesse de l'atticisme à sa verve co-
mique,et que chez lui la profondeur du
bon sens se cachait sous l'éclat de la plus
riche poésie. Saint Chrysostôme
avait
continuellement
ses ouvrages sous son
chevet, et Platon, qui lui a donné une
si belle place dans son Banquet, fit à sa
mort un distique qui nous a été conservé
et dont voici la traduction
« Les graces
« cherchant un sanctuaire indestructible
« trouvèrent l'ame d'Aristophane.
» A-d.
La meilleure édition d'Aristophane
est
celle qui, commencée en 1794 à Leipzig,
par Invernizi, fut terminée en 1826 par
M. Guillaume Dindorf, 13 vol. in-8°
M. Dindorf en réimprima le texte et un
abrégé du commentaire
dans l'édition
manuelle de Leipzig, 2 vol in-8°,
1830.
On doit au même savant des éditions sé-
parées de plusieurs comédies d'Aristo-
phane à Hemsterhuys,
une bonne édi-
tion de Plutus, et deux autres des Nuées
à MM. Hermann et Reisig. Le savant et
élégant auteur de l'article qu'on vient de
lire, a publié une traduction françaised'A-
ristophane, très estimée, Comédies d'A-
ristophane,
Paris, 1829, 6 vol. in-32. S.
ARISTOTE philosophe grec, l’un des hommes qui ont le plus honoré l’esprit humain et qui ont eu le plus d’influence sur ses destinées, naquit à Stagire, aujourd’hui Stavro, colonie de Chalcis, située sur la côte du golfe du Strymon, en Thrace, la première année de la 99e olympiade, 384 ans avant J.-C. Son père, Nicomachus, de la famille des Asclépiades, était médecin et ami d’Amyntas II, roi de Macédoine, père de Philippe. Sa mère se nommait Phaestis. Il perdit ses parens fort jeune encore, et il est douteux, par conséquent, que Nicomachus ait pu lui-même, quelque habile qu’on le représente, diriger les premiers pas de son fils dans cette carrière de la science, où il devait tant s’illustrer. Tout au moins Aristote en puisa-t-il le goût dans ses exemples de famille, comme il trouva dans le riche héritage de son père les moyens de s’y livrer avec une entière indépendance. Confié aux soins d’un certain Proxenos, d’Atarne, en Mysie, et de son épouse, après la mort des siens, c’est à eux qu’il dut en grande partie le bienfait de l’éducation, et il leur en prouva sa reconnaissance, dans la suite, en adoptant à son tour leur fils Nicanor et en le traitant comme son propre fils. Si l’on en croit des récits plus que suspects de l’anti-