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AVERTISSEMENT


volumes, pour la plupart anciens, rares, inconnus, dispersés, & qui ne sont presque jamais à la portée des artistes, c’est-à-ire, de ceux qui auroient le plus grand besoin de les connoître.

Le premier objet est celui qui nous a le plus occupés : c’est aussi celui qui a exigé de nous le plus de peines & de recherches. Nous avons voulu que rien de ce qui constitue l’ensemble de l’Architecture, rien de tout ce qui peut intéresser l’artiste, le philosophe & le curieux, ne pût échapper à notre plan. Nous avons cru devoir envisager l’Architecture sous toutes ses faces & sous tous ses rapports, dans tous les temps & chez tous les peuples dont nous pouvons avoir des notions positives.

Ce projet nous a conduit à reconnoître dans l’Architecture cinq parties très-distinctes, qui forment les cinq points de vue généraux de cet ouvrage, & qui n’ont jamais été considérés qu’imparfaitement, ou du moins ne l’ont jamais été d’un seul coup-d’œil.

Ces cinq parties sont : la partie historique & descriptive, la partie métaphysique, la partie théorique, la partie élémentaire ou didactique, & la partie pratique.

C’est donc une réunion de cinq ouvrages que nous présentons au public dans un seul. Indiquons en peu de mots les différences, la nature & l’étendue de ces cinq parties.

L’histoire de l’Architecture offre, comme on va le voir, à elle seule, un champ des plus vastes. Elle se présente à nous sous deux rapports très-distincts : celui d’art de bâtir, commun à toutes les nations de l’univers, & celui de l’art proprement dit de l’Architecture, autrement l’art des Grecs, devenu celui des Romains & de toute l’Europe moderne. Ces deux genres de notions se trouvent ici rassemblés pour la premiêre fois. Aucun ouvrage n’étoit plus susceptible de ce rapprochement. La méthode alphabétique nous en a facilité la réunion. Tous ces tableaux différens, quoique indépendans du sujet principal, ont pu s’introduire sans aucune confusion. Ainsi les architectures de tous les peuples connus, quoique plusieurs d’entre elles soient hors du cercle où le génie des Grecs a pour jamais renfermé l’art, joueront un rôle dans cet ouvrage, & paroîtront à leur rang sur le théâtre d’où l’on avoit jusqu’à présent prétendu les exclure. On s’est même appliqué à donner à cette partie nouvelle, toute l’étendue qu’elle peut comporter. Si l’art proprement dit n’y découvre point de nouvelles sources de beauté, si l’artiste ne sait pas y trouver des analogies précieuses, le philosophe regretteroit qu’on l’eût privé des rapprochemens curieux, des inductions de tout genre, des observations relatives à l’histoire du génie des hommes dans un art qui, dénué de tout l’appareil de connoissances qui en a fait un art libéral, occupera toujours un des premiers rangs parmi les inventions de première nécessité.

Quel intéressant tableau que celui qui pourroit nous présenter l’art de bâtir modifié par la variété des causes physiques & morales, recevant des mains de la nature des formes si différentes, suivant la diversité de ses origines ; qui nous offriroit depuis la cabane du laboureur jusqu’au palais des souverains, depuis l’antre du sauvage & les souterreins creusés dans l’enfance des sociétés, jusqu’à ces masses orgueilleuses qui