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sont d’ordre dorique. On voit, à Palmyre, un temple périptère d’ordre corinthien.

Les usages des temples chrétiens ayant fait adopter, comme on l’a dit plus d’une fois, la forme de la basilique antique, où les colonnes se trouvoient plus naturellement appliquées aux intérieurs, il n’a guère pu venir dans l’idée des architectes modernes d’imiter les temples des Anciens, où tout le luxe de l’architecture sembloit réservé pour l’extérieur. Aussi à peine trouveroit-on à citer jusqu’à cette époque un monument périptère moderne.

Cependant Paris voit en ce moment sur le point d’être terminés, dans cette configuration, deux édifices fort remarquables, et qui sont réellement périptères. L’un est l’église de la Madelaine, qui offre dans de très-grandes proportions un magnifique peripteron d’ordre corinthien ; l’autre est l’édifice de la Bourse, monument également périptère, et qui ne differe du temple que par l’absence de frontons. Son ordre est aussi corinthien.

Quelques critiques pourront trouver à redire que le même type d’architecture et d’ordonnance soit employé à deux édifices si divers dans leur destination, et qui sembleroient avoir dû exiger un caractère spécial. Ces critiques pourront avoir raison ; mais là où aucun système régulier et protégé par un pouvoir capable de le mainteuir, ne préside à la construction des édifices, l’architecte indépendant ne voit dans la conception d’un monument, que l’occasion de faire montre de son talent, et les ordonnateurs ne considérant dans une sorum ou l’autre à donner aux édifices, qu’un degré de luxe ou de richesse plus ou moins en rapport avec les sommes qu’on peut y employer, on ne doit guère s’étonner qu’il n’y ait pas de règle, là où il n’y a point de régulateur moral.

On peut dire encore, pour excuser ou faire approuver cette confusion de caractère, résultat de la confusion des types en architecture, que les raisons qui sont de telle ou elle disposition une application spéciale à tel ou tel édifice, n’ont jamais le pouvoir de soumettre le goût d’une manière absolue, et de le forcer à reconnoître des limites. Ainsi pourra-t-on prétendre que tout édifice qui est destiné à recevoir beaucoup de personnes, ayant le besoin de converser ensemble, exige naturellement de ces espaces, qui leur procurent la facilité de circuler à couvert, et que de ce genre est l’édifice de la Bourse.

PÉRISTYLE, s. m. Mot composé, comme le précédent, de deux mois grecs, péri (autour) et stulos (colonne). Ainsi il désigne aussi l’édifice qui a un entourage de colonnes.

La distinction que quelques-uns ont cherché à établir entre la signification du mot périptère et celle du mot péristyle, ne paroît pas trop fondée. Selon cette opinion, le péristyle ne se diroit que de l’édifice qui auroit des colonnes isolées dans son pourtour intérieur. De tout temps, ceux qui ont décrit des monumens ont plutôt suivi les usages du langage ordinaire, que les raisons d’une analyse systématique, à laquelle les mots eux-mêmes ne se sont jamais soumis.

Il nous paroit donc assez inutile de rechercher si les écrivains anciens ont réellement, ou non, observé la distinction dont on parle. Il suffit qu’aujourd’hui il soit certain qu’on applique le mot péristyle à des compositions, à des ensembles de colonnes placées tantôt au dehors, et tantôt au dedans d’un édifice.

Il y a plus : en prenant à la rigueur l’étymologie du mot qui signifie colonnes à l’entour, il seroit encore faux que beaucoup de ces réunions de colonnes qu’on appelle péristyles, selon l’usage, puissent se prendre pour des colonnes qui environnent un édifice.

On se sert effectivement du mot péristyle, et l’on appelle de ce nom, ce qu’on devroit appeler un prostyle. Tel seroit (si la grammaire et l’élymologie avoient le pouvoir de disposer de la formation des mots) le nom qu’il faudroit donner à cette partie des temples que les Grecs nommoient temples prostyles, qui n’avoient qu’un seul frontispice orné de colonnes. Cependant on dit lepéristyle du Panthéon à Rome, le péristyle de Saiute Geneviève à Paris. On dit aussi le péristyle du Louvre, en parlant du célèbre frontispice que Perrault a élevé à la façade antérieure de la cour et du palais du Louvre. On a deja parlé de cet ouvrage au mot Accouplement, et on en trouvera une nouvelle mention au mot Perrault.

Rien, comme on voit, ne conviendroit moins que cette dénomination à la colonnade qui sert de promenoir extérieur ou de galerie couverte à cette façade, s’il falloit la restreindre à toute disposition d’ordonnance intérieure de colonnes.

Nous devons dire toutefois que le mot péristyle, tel qu’on le trouve employé dans les description, faites par les anciens historiens, des monumens de l’antique Egypte, convient fort bien, d’après la formation du mot, à ces grandes cours qui se succèdent dans les temples égyptiens, et dont les murs intérieurs offrent en avant des files de colonnes faisant galeries ou promenades tout à l’entour. C’est que par le mot péri, autour, il ne faut pas seulement entendre le circuit extérieur d’un bâtiment. Des colonnes peuvent régner tout autour de l’intérieur d’une cour, ou d’un grand espace fermé par un mur.

Ainsi avons-nous vu les périboles des grands temples grecs (voyez Péribole) recevoir dans leur périphérie des rangées de colonnes, qu’on doit véritablement appeler péristyles ; et de ce nom, sans doute, nous pouvons aussi appeler dans les palais ou autres édifices publics, ces cours autour desquelles circulent des galeries couvertes, formées de colonnes isolées.