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PIG PIL

PIEU, s. m. Grosse pièce de bois, qu’on aiguise par un bout, ou par les deux bouts, pour faire des barrières ou des palissades.

PIEUX, s. m. pl. (Terme d’architecture hydraulique.) Pièces de bois de chêne, qu’on emploie de leur grosseur, pour faire les palées des ponts de bois, nu qu’on équarrit pour former ce qu’on appelle les files de pieux, qui retiennent les berges de terre, les digues, etc., pour aider à construire les batardeaux. Les pieux sont pointus et ferrés comme les pilots. Ce qui en fait la différence, c’est qu’ils ne sont jamais enfoncés tout-à-fait dans la terre, et que ce qui en paroît au dehors est souvent équarri. Voyez Pilots.

Pieux de garde (Terme d’architecture hydraulique.) Ce sont des pieux qui sont au-devant d’un pilot, plus peuplés et plus hauts que les autres, et recouverts d’un chapeau. On en met ordinairement devant la pile d’un pont, et au pied d’un mur de quai ou de rempart, pour le garantir du heurt des bateaux et des glaçons, et pour empêcher le dégravoiement.

PIGEON. Voyez Epigeonner.

PIGNON, s. m., se dit de la partie supérieure, du mur de face d’un bâtiment ou d’une maison, qui se termine en pointe, et où aboutit la couverture d’un comble à deux égouts.

Telle étoit la forme de la devanture des anciennes maisons. Ce comble avoir ordinairement une assez grande saillie sur le mur de face, et formoit une sorte d’auvent qui mettoit à l’abri de la pluie. Cette forme est encore fort en usage dans les pays du Nord. De là vint le proverbe, avoir pignon sur rue, pour dire, être propriétaire d’une maison.

Ces sortes de pignons recevoient souvent des ornements, soit en consoles faites en bois, soit en découpures chantournées.

Pignon a redents. On appeloit ainsi, dans les anciennes constructions en pierre, certains murs se terminant en pointe à la tête d’un comble à deux égouts, et dont les côtés sont par retraites en manière de degrés. On les pratiquoit ainsi, pour qu’ils pussent servir d’escaliers propres à conduire sur le faîtage lorsqu’il falloit réparer la couverture.

Cette pratique a lieu encore dans les pays du Nord, où les combles sont fort pointus. De ce qui étoit un besoin, on a fait une espèce d’ornement.

Pignon entrapeté. C’est celui qui, au lieu de former un triangle, est pentagonal, comme le pignon qui termine un comble brisé, dit à la mansarde, ou qui a la forme d’un trapèze, comme celui qui termine un comble brisé dont la partie supérieure est en croupe.

PILASTRE, s. m., est le même mot que l’italien pilastro, lequel est formé du mot pila, pile, pilier, et signifie espèce de pile.

L’idée générale de ce qu’il faut entendre par pilastre, en architecture, s’exprimoit chez les Romains, selon les cas, ou par le mot anta, (voyez ce terme), ou par le mot parastata, qui est grec, et qui, par sa composition, nous indique un objet adossé à un autre ; et ce mot est, comme l’on voit, une fort bonne définition du pilastre, qui, dans le plus grand nombre de ses emplois, se trouve ou engagé, ou adossé à un mur.

De l’origine du pilastre, des variétés de sa forme et de sa disposition.

L’origine du pilastre nous est suffisamment révélée par sa forme primitive, qui fut carrée, forme qu’il a toujours plus ou moins conservée dans les diverses modifications que l’usage lui a fait subir. Quelle qu’ait été l’origine de la colonne, qu’on la cherche dans les troncs des arbres, qui naturellement durent s’offrir comme supports des édifices, qu’on prétende qu’en d’autres pays ce fut la pierre qui fournit à la construction les soutiens des élévations, il est également vraisemblable qu’on dut, dès les premiers temps, faire des colonnes quadrangulaires aussi bien que des circulaires.

On a fait assez souvent remarquer qu’en supposant le bois, comme la matière première, sur laquelle se forma et se régularisa l’architecture grecque, il falloit se garder de croire que l’art eût eu en vue d’imiter les arbres dans leur état naturel. Nous avons plus d’une fois montré que dans celle imitation, il ne falloit considérer l’arbre que déjà façonné par la charpente, soit dans les poutres perpendiculaires, soit dans les sommiers horizontaux. Or, dès que c’est l’arbre façonné en état de poutres ou de solives, qu’il faut se figurer, comme élément de l’imitation dans les essais de l’art de bâtir, il doit passer pour constant, qu’on dut alors tout aussi naturellement employer pour supports, des bois équarris que des bois arrondis.

Voilà pourquoi il se fit aussi par la suite dans les édifices en pierre, des colonnes carrées.

Il faut appeler colonnes carrées, piliers ou pilastres, ce que l’on désigne dans les ordonnances des temples par le mot antes. C’est au front du mur de la cella du temple qui n’a point de colonnades en avant ou à l’entour, comme du temple prostyle ou du périptère ce montant quadrangulaire dont le chapiteau diffère de celui de l’ordonnance générale. Voyez Ante.

A plus forte raison doit-on appeler colonnes carrées, ces mêmes montans en façon de pilier lorsqu’ils sont isolés, comme nous montrerons qu’il y en eut jadis plus d’un exemple. Ce fut par suite de cette forme qu’on regarda encore comme