bitans ; 4°. celui qui doit servir d’accompagnement à certains objets de décoration.
Selon la première de ces acceptions, place est synonyme d’emplacement, et à cet égard on ne sauroit dire combien le choix d’une place ou d’un emplacement convenable contribue à l’effet d’un monument et à la beauté des aspects d’une ville. Il faut remarquer cependant, que le choix de l’emplacement, en bien des cas, doit être déterminé par la nature même de l’édifice, c’est-à-dire, de sa destination usuelle. Il y a des monumens dont la place doit être au centre d’une ville : tels sont ceux qui correspondent aux affaires ou aux besoins journaliers du plus grand nombre. C’est ainsi que le Forum, qui étoit la place publique, dans les villes antiques, en occupoit toujours le centre. C’étoit le point qu’on établissoit en premier dans la fondation d’une ville, parce que ce Forum comprenoit le marché, les juridictions, les comptoirs d’échange, etc. , enfin tout ce qui se rapportoit aux besoins de la vie, aux affaires de commerce. C’étoit le rendez-vous universel, le lieu de réunion où, pour toutes sortes de motifs, le plus grand nombre passoit la journée entière. Lorsque les villes s’agrandissent, elles deviennent nécessairement des réunions de plusieurs villes ; dès-lors il faut que chaque quartier ait sa place publique. Ainsi Rome antique vit se former dans les diverses parties de ses nouvelles enceintes, de nouveaux Forum ; et nous voyons de même dans les grandes villes modernes, établir au centre de chacun de leurs quartiers, les bâtimens dont l’usage correspond à celui du Forum des Anciens.
Après l’utilité commune, qui décide, avant tout, de la place que doivent occuper les monumens, il faut prendre en considération la beauté que procure, soit aux villes, soit aux édifices, le choix d’une place qui mette en vue l’ouvrage de l’architecture. Rien ne contribue plus à la magnificence des aspects extérieurs dune ville, que la position élevée de certains monumens, dont les masses pyramidales dominent le reste des constructions ordinaires. Partout où le terrain occupé par les villes renfermoit quelques hauteurs, les Anciens ne manquèrent jamais de choisir une semblable place, pour y situer le temple principal ou tout autre édifice important.
Il n’est pas toujours donné de placer ainsi les monumens. Là où le terrain tout uni ne sauroit leur offrir de semblables expositions, il y a encore plus d’un moyen de leur ménager une place qui ajoute à leur effet, comme, par exemple, en face d’une grande rue, ou de quelque percée qui leur permette de s’annoncer de loin. Mais ceci nous conduit à l’autre acception du mot place, signifiant l’espace qu’on laisse ou qu’on pratique devant ou à l’entour d’un édifice.
Les villes, surtout dans les temps et chez les peuples modernes, ont fort rarement été construites et fondées sur des plans déterminés d’avance. Cet avantage fut plus fréquent chez les Anciens, qui eurent l’habitude de former des colonies, de transporter des populations entières, sur des terrains inhabités. Dès-lors rien ne mettoit d’obstacles à la distribution, aux alignemens des maisons et des rues, an choix des emplacemens que dévoient occuper les édifices principaux, et par suite à la disposition des places qu’on devoit pratiquer pour embellir leur aspect. Presque toutes les villes modernes, au contraire, nées, si l’on peut dire, d’elles-mêmes, formées par une agrégation successive de maisons, de rues, de quartiers, n’ont reçu que du hasard, et leur agrandissement et leur disposition. Il devient donc par la suite fort difficile, ou de donner des places aux monumens déjà faits, ou d’en faire de nouveaux, auxquels on puisse procurer des emplacemens extérieurs proportionnés à leur mesure ou à leur caractère.
Quelques villes ont dû à des causes particulières, l’avantage de pouvoir former autour et en face de leurs monumens des places dignes d’eux. Rome moderne peut être citée à cet égard. Mais on voit qu’elle eut un rare privilège, celui de s’élever sur les ruines de la plus immense ville qui ait existé, et de trouver dans ses restes, les modèles des plus vastes emplacemens, et les traditions d’une grandeur à laquelle nulle cite n’étoit parvenue. Rome moderne, capitale nouvelle du monde nouveau, le monde chrétien, eut aussi le besoin d’une grandeur inconnue avant elle. Siége de la religion de presque toute l’Europe, elle éleva dans sa basilique de Saint-Pierre un temple qui, pour l’immensité, n’eut jamais d’égal. Ce monument, élevé sur les débris d’un cirque antique, devoit encore proclamer sa supériorité sur les conceptions du paganisme, par une place qui répondît à ses élévations colossales, et la place environnée de colonnes, que Bernin fut avec tant d’habileté, réunir au frontispice du temple, est devenue la plus belle de l’Europe.
Les mêmes causes ont procuré à beaucoup d’églises de Rome, et à plusieurs autres monumens, des places dont on admire le rapport avec l’édifice qu’elles annoncent ou qu’elles environnent. Peu de villes lui sauroient disputer la supériorité eu ce genre, et beaucoup, au contraire, nous montrent de grands monumens qui manquent d’une place convenable.
On cite ordinairement l’église de Saint-Paul à Londres, comme celle qui, par son étendue et sa hauteur, tient le second rang après Saint-Pierre à Rome. Mais ce vaste édifice n’a d’aucun de ses côtés, ni même en avant de son frontispice, une place qui permette d’en embrasser les aspects, au point de distance nécessaire pour juger de l’effet du tout ensemble. La raison de ce défaut est dans le lieu même où le monument est situé c’est-à-dire, au milieu de la cité, quartier étroit,