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les fureurs de la révolution, ces monumens avoient péri. D’autres aujourd’hui leur succèdent, et avant peu, toutes les places qui leur furent jadis destinées auront retrouvé dans les statues déjà restituées ou en train de l’être, les objets qui les firent construire.

C’est, en effet, à ces statues, comme on l’a déjà dit, que Paris doit les places qui font un de ses principaux ornemens. Ainsi fut construite, pour recevoir la statue équestre de Louis XIII, la place qu’on appelle Royale. Elle forme un vaste carré de bâtimens uniformes, dont le rez-de-chaussée en portiques présente tout à l’entour une galerie couverte. Ainsi s’éleva, sous Louis XIV, la place Vendôme, au milieu de laquelle étoit placée la statue équestre en bronze du Roi. Le plan et le dessin de cette place ont une parfaite régularité. Une ordonnance de pilastres corinthiens orne la devanture des bâtimens qui l’entourent, et l’on n’y entre que par deux côtés.

Quelques-uns veulent que les places de ce genre, situées dans l’intérieur des villes, aient un peu moins de cet isolement qui semble en faire une cour ; ils désirent qu’on y ménage des percés plus nombreux, qui mettent le monument plus en communication avec les rues environnantes. Telle est, en effet, à Paris, la place qu’on appelle des Victoires au milieu de laquelle vient d’être érigée la nouvelle statue équestre de Louis XIV. Cette place, circulaire dans son plan, et dont les bâtimens uniformes ont une ordonnance symétrique, est percée par plusieurs rues, qui, sans nuire à l’unité décorative de l’architecture, donnent à l’ensemble plus de mouvement et de variété.

Si l’on doit éviter de faire d’une semblable place une sorte d’enceinte trop particulière, il faut se garder encore plus de choisir, pour y élever les monumens honorifiques dont on parle, de ces emplacemens vagues et trop étendus, qui, d’une part, offrent à la décoration architecturale trop de difficultés, et de l’autre, manquent de ce juste rapport de proportion nécessaire à l’effet de la statue sur le spectateur ; car tout ouvrage d’art a besoin d’être présenté à la vue dans de certaines limites, et avec un certain accord d’accompagnemens qui lui conviennent. Ainsi, l’emplacement jadis choisi pour la statue de Louis XV, à Paris, eut le double désavantage de n’avoir rien de circonscrit qui, en déterminât la mesure, et de ne donner à la statue équestre aucun point de parallèle qui fit juger de sa grandeur.

La place considérée comme étant elle-même un monument, c’est-à-dire, un ensemble d’architecture, peut servir aussi d’enceinte à quelqu’autre ouvrage d’art qu’une statue. Ce qu’on appelle, à Rome, la place Colonne, a, dans son milieu, la colonne triomphale de Marc Aurèle. Un obélisque sert de point de centre à plusieurs autres places de cette ville. Autant peut-on en dire de quelques fontaines.

Il est aussi bien des villes qui ont de grandes et magnifiques places dont l’enceinte est formée uniquement de bâtimens particuliers, seulement soumis à l’alignement. Mais ces sortes de places, qui contribuent, sans doute, à l’agrément et à la beauté des villes, ne devant rien à l’art en général, et surtout à celui de l’architecture, n’ont aucun droit d’être décrites ou citées dans ce Dictionnaire.

PLAFOND, s. m. C’est le nom général qu’on donne, en architecture et dans les édifices, à la surface de dessous, soit des plates-bandes et autres parties de la construction, soit des planchers dans les intérieurs des bâtimens, soit des couvertures dont sont couronnés les monumens, et qui sont tantôt horizontales, tantôt cintrées à différens degrés, en voûtes plus ou moins exhaussées.

Il y a là, comme on le voit, plus d’une manière d’envisager le plafond.

Et d’abord, nous dirons qu’en architecture, on donne encore le nom de soffitte, de l’italien soffitto, à cette partie du dessous des plates-bandes, larmiers, etc., qui, selon le caractère de chacun des ordres, reçoivent plus ou moins d’ornemens, ou des ornement plus ou moins simples. Nous renverrons, à cet égard, le lecteur au mot Soffite. Voyez ce mot.

Considérant ensuite le plafond, ou pour mieux dire, ses notions principales, dans leur premier rapport avec l’art de l’architecture, nous sommes encore obligés d’en attribuer l’origine aux procédés primitifs de l’art de bâtir, selon les besoins et les ressources locales des différent pays.

Si nous consultons ces causes premières en Egypte, nous voyons que la pierre, qui fut, pour l’architecture de ce pays, le seul principe générateur de ses conceptions, fut aussi, dans la mesure des matériaux, le seul module des plafonds. Ce qui nous reste de l’architecture égyptienne nous montre dans ses nombreux édifices, que la mesure des pierres, dont l’art pouvoit disposer, devint le régulateur uniforme et universel de la disposition des monumens. On ne sauroit se dissimuler que tout lui fut subordonné. Comment se fait-il qu’au milieu de tant de restes d’édifices et de temples, on ne découvre ni un plan, ni une élévation d’où résulte un intérieur de qnelquétendue ? Tout espace qu’on peut y appeler intérieur, n’est autre chose qu’une réunion de colonnes qui supportent une terrasse, et cette terrasse n’est autre chose qu’une réunion de dalles de pierres, qui s’étendent horizontalement d’une colonne à l’autre. Il n’y a rien dans toute l’Egypte, qui donne l’idée de ce que nous appelons une salle, une nef, un intérieur enfin, ayant une couverture, et dès-lors un dessous de couverture, ou un

Diction. d’Archit. Tome III
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