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NIC NIC

En construction, la nervure est généralement l’arête qu’on laisse pour fortifier une partie de la pierre, particulièrement aux angles, afin d’eu faciliter la pose.

On voit des exemples de ces espèces de nervures aux architraves de quelques édifices antiques. La partie de l’architrave qui pose sur le chapiteau étant plus susceptible de s’éclater aux arêtes, les Anciens laissoient quelquefois une nervure qui avoit la forme d’un petit boudin ou baguette, afin de fortifier les angles. On voit encore de ces nervures à l’arc de Septime-Sévère, au-dessus des chapiteaux ; dans ce cas, elles n’étoient point placées comme ornement, et on les supprimoit lorsque l’édifice étoit terminé.

On se sert encore du mot nervure pour désigner, dans les feuillages des rinceaux d’ornemens sculptés, les côtes élevées de chaque feuille, et qui représentent les liges ou les espèces de ramifications des plantes naturelles.

(Huyot.)


NEUDS. Voyez Nœuds.


NICHE, s. f. On appelle ainsi un renfoncement pratiqué par la construction dans l’épaisseur des murs d’un édifice, et destiné à recevoir différens objets, tels que bustes, vases, trépieds, mais particulièrement des statues.

Vitruve n’a parlé de niches dans aucun endroit de son Traité, et nous n’aurions que des conjectures très-vagues à former sur le nom qu’on leur donna jadis, si une inscription publiée dans les Monumenti Gabini, par Visconti, ne nous apprenoit qu’on désignoit en latin les niches par le mot de Zothecœ, formé des deux mots grecs zoon, figure, et theca, repositorium, en français etui, réduit où l’on conserve.

Le mot niche est le mot italien nichia, venu sans doute de nichio, qui signifie coquille, conque marine. On donne pour raison de cette étymologie, l’idée de la ressemblance d’une statue dans sa niche, avec le poisson dans sa coquille. D’autres ont expliqué cette étymologie, par l’usage assez fréquent d’orner avec une coquille la partie demi-sphérique qui termine souvent le haut d’une niche.

La pratique des niches considérées sous le rapport de la forme simple et primitive indiquée par la définition qu’on a donnée de ce mot, paroît avoir existé à peu près partout, et plus ou moins dans toutes les architectures.

On doit ainsi reconnoître comme ayant été des niches, dans les monumens de l’antique Égypte, ces renfoncemens qu’offrent les murs, et où l’on plaçoit quelquefois les gaines des momies ; et comme quelques-uns ont prétendu voir dans ces gaines l’origine des statues (ce qui ne peut s’entendre que de l’Égypte), d’autres ont imaginé fort gratuitement, à ce qu’il paroît, d’aller puiser aussi là l’usage des niches.

Cet usage toutefois semble être du nombre de ceux qui n’ont besoin d’aucun exemple étranger, pour se produire en tout pays et s’y perpétuer.

Si l’on ne trouve à citer aucun exemple de niches dans les ruines des édifices de la Grèce, les plus anciens de ceux qui existent encore, c’est que ces édifices sont presque tous des temples, qui n’admettoient ni au dedans ni au dehors l’usage des statues placées dans des niches. Il s’en trouve toutefois de quadrangulaires au monument choragique de Thrasyllus, c’est-à-dire dans la partie de la construction qui s’adosse au rocher de la citadelle. On croit que cet édifice date de la 94e. olympiade. Le monument de Philopapus, d’une époque il est vrai postérieure, a aussi trois niches, une circulaire et deux quadrangulaires, encore aujourd’hui ornées de statues. Quand nous n’aurions pas ces exemples, il faudroit dire que tous les édifices de la Grèce, tels que Gymnases, Agora, Stades, etc., et tous les ouvrages du luxe des particuliers, ayant péri, on ne peut tirer contre l’usage des niches, dans l’architecture des meilleurs temps, aucun argument valide, de cela seul, qu’il ne s’en trouve point dans le petit nombre des monumens d’une certaine époque, dont il existe des restes.

Mais les différentes formes des tombeaux et les pratiques diverses de sépulture avoient dû rendre très-anciennement l’usage des niches familier aux Grecs et aux Romains, dans les sépulcres construits surtout pour les familles. Ces sépulcres, qu’on appela Columbaria, avoient leurs murs intérieurs ornés de petites niches destinées à recevoir les urnes où étoient déposées les cendres des morts. Très-souvent une niche beaucoup plus grande occupoit la place principale de ces chambres, et c’est là qu’étoit l’urne ou le sarcophage du chef de la famille.

On trouve des niches pratiquées dans des intérieurs de temples ou ædicules des Romains, ouvrages qui passent pour devoir être d’une construction assez ancienne.

Sur les bords du lac d’Albano, on admire un petit édifice construit en reticulatum, et qu’on croit avoir été un Nympheum. Chaque côté de son intérieur est orné de six niches, dont l’élévation annonce qu’elles furent destinées à recevoir des statues.

Le nom de ce monument en rappelle un autre situé à Nîmes, près de la fontaine, et qu’on croit aussi avoir été un temple consacré aux nymphes, bien qu’on lui donne assez ordinairement le nom de temple de Diane. Le dedans de l’édifice a les deux côtés décorés de six colonnes corinthiennes adossées aux murs. Chaque entre-colonnement est occupé par une niche du genre de celles que les Modernes appellent à tabernacle. Chacune repose sur un stylobate ; chacune est ornée d’un chambranle formé par deux pilastres soutenant un fronton alternativement angulaire et circulaire. Dans

Dictionn. d'Archit. Tome III.
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