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POR POR


hydraulique.) C'est la construction de bois, qu’on fait sur de certaines rivières, pour les rendre plus hautes, en retenant l’eau, ce qui facilite la navigation. Cette construction forme une espèce de bonde d’étang. Elle consiste en une grande pâle de bois qui barre la rivière, et qui se lève par le moyen d’Un grand manche tourné en vis, quand quelque bateau arrive. Ce manche est dans un écrou et placé au milieu d’un fort chevalet.

On appelle encore portereau, en charpenterie, un bâton court de brin, qui sert pour porter des pièces au chantier, et de-là au bâtiment.

PORTIÈRE, s. f. On appelle portière, tantôt une sorte de porte double, composée d’une étoffe quelconque, fixée par des clous sur un châssis mobile, qui ordinairement ne se ferme qu’avec un verrou ou un loquet, tantôt un simple rideau avec tringle et anneaux, qu’on met au-devant d’une porte, et qu’on tire à volonté. L’objet de la portière est le plus souvent de garantir une pièce du vent ou du froid. Quelquefois ce n’est qu’un ornement. Chez les Anciens, les portières étoient souvent les seules clôtures des portes dans les intérieurs, et cet usage est encore général dans l’Orient.

PORTIQUE, s. m. Ce mot, comme porticus, en latin, vient de porta, porte, d’où, comme nous l’avons dit à son article, s’est formé portail, mot qui exprime toute construction et décoration qui précède ou embellit les portes des édifices.

Le portique, sans doute, dut la formation de son nom à une semblable destination. Il commença, chez les Anciens, par être, comme ce que nous appelons porche (voyez ce mot), une construction plus ou moins étendue, placée en avant des maisons, pour mettre leurs portes ou leur entrée à l’abri des diverses incommodités des saisons.

On doit croire que ces constructions eurent plus ou moins d’importance, selon celle des bâtimens eux-mêmes, plus la richesse et le luxe augmentèrent l’étendue des maisons, plus leurs portiquesacquirent de grandeur et d’élévation. L’objet principal, celui de la commodité, une fois obtenu, on passa bientôt à la recherche de la superfluité, et le portique, partie d’abord nécessaire des maisons, y sera devenu, dans les palais des riches, un accessoire de pur agrément, destiné à la promenade et à d’autres convenances.

Ainsi le portique, en conservant seulement dans son nom l’origine de ce qu’il avoit été, devint un bâtiment sans rapport avec une porte, et les Romains continuèrent d’en donner le nom à ces édifices ou lieux de réunion, que les Grecs appeloient stoa.

Nous ne considérerons donc plus le portique comme borné uniquement à la devanture des maisons, nous le définirons selon variété de ses emplois, soit qu’il se lie à la disposition des édifices, soit qu’il fasse un édifice isolé lui-même, comme un composé plus ou moins étendu, plus ou moins nombreux, tantôt de piliers, piédroits ou arcades, tantôt de colonnes, formant un lieu couvert spacieux, propre au dégagement des cours intérieures, ou des façades extérieures des palais, ainsi qu’à une multitude d’autres usages de nécessité ou de décoration.

Nous ne pourrions faire connoître avec beaucoup de précision en quoi consistoit bien particulièrement, et à quoi se restreignoit, chez, les Grecs, l’idée de portique désignée par le mot stoa. Ils avoient plus d’une expression pour signifier les galeries et les colonnades, tant celles qui s’élevoient au front des temples, que celles qui accompagnoient leurs flancs, et généralement le mot stulos, colonne, entroit dans la composition des mots qui désignoient ces ordonnances. Nous trouvons toutefois le mot stoa appliqué à sa désignation d’ordonnances en colonnes, et Pausanias s’en sert à l’égard des colonnes de l’ordre supérieur qui régnoit dans le naos du temple de Jupiter à Olympie. Si le nom qui correspond, en grec, au mot portique, se donnoit aussi aux galeries en colonnes, il doit être permis de croire qu’on aura appelé de même, ce que nous nommons portiques ces grandes galeries qui formoient, par une ou deux rangées de colonnes, les périboles ou enceintes élevées autour de l’area des grands temples. C’étoit, dans le fait, ce que nous appellerions de vastes cours, de très-grands cloîtres, offrant une continuité de galeries couvertes.

Il semble qu’on peut se figurer à peu près sous la même forme, et dans le même plan, ces célèbres stoa (porticus) où, chez les Grecs, se tenoient les diverses écoles, soit de gymnastique, soit de philosophie. Les gymnases, tels que quelques descriptions nous les font concevoir (voyez Gymnase), étoient environnés de galeries couvertes qui donnoient entrée dans des chambres. Tel étoit celui d’Olympie. Tels dûrent être ceux qu’on appela l’Académie, le Lycée, le Cynosarges. C’est du mot stoa, portique, que tirèrent leur nom les célèbres sectateurs de Zénon, qu’on appela stoïciens.

Les mêmes usages doivent produire à peu près les mêmes résultats. Lorsqu’à la chute du paganisme, l’enseignement religieux eut succédé à celui des gymnases, il est fort probable que les communautés qui se formèrent, et qui construisirent ces grands monastères que nous voyons encore de nos jours, imitèrent dans les spacieuses galeries de leurs cloîtres les portiques du paganisme : et seroit-il improbable que le célèbre, pœcile ou portique, décoré de peintures, auroit ressemblé à ces cloîtres, dont tous les murs d’enceinte occupèrent pendant long-temps le pinceau des artistes modernes ?