Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
NIS NIS 17

projet général de restauration fut dressé, en 1809, par M Grangent, ingénieur en chef du département. Néanmoins, les travaux ne furent commencés que long-temps après, c’est-à-dire, en 1820.

On entreprit sérieusement alors la restauration à peine commencée de l’édifice qui étoit encore enterré jusqu’aux trois quarts de sa base : on enleva les terres dans le pourtour du monument, de manière à pouvoir rétablir le stylobate et à le montrer assis sur le sol primitif. Des marbres de différentes couleurs, des tronçons de colonnes, des fragmens d’une grande frise sculptés avec goût, et plusieurs autres fragmens d’architecture antique, firent d’abord soupçonner l’existence d’un monument plus vaste ; bientôt une construction rectangle en avant et sur l’angle nord-ouest de la face principale confirma les conjectures.

La forme de cette construction trouvée à dix centimètres au-dessous de la base du stylobate, un grand conduit en pierre de taille du côté de l’ouest, un aqueduc de 44 centimètres de largeur, construit au-dessous de ce conduit, dont le fond, ainsi que les parois du mur, étoient encore revêtus de stalactites sanguines, et contenoient des touffes de poils de taureaux, donnèrent lieu de croire que c’étoit dans ce bassin qu’on égorgeoit les victimes destinées aux sacrifices.

Aucun auteur connu n’avoit fait mention d’une enceinte qui eût existé autour de cet édifice ; néanmoins on n’ignoroit pus que les temples antiques offroient quelquefois de pareilles constructions, destinées à mettre le peuple à l’abri des injures du temps pendant les cérémonies religieuses : on conjectura qu’elles devoient exister ci mais rien n’en déterminoit la forme ni la disposition.

Cependant il fut décidé que les fouilles seroient poussées aussi loin que possible, et qu’on isoleroit le monument des maisons voisines, au moyen d’un mur d’enceinte, couronné d’une grille ; ce qui amena enfin à la découverte d’une nouvelle colonnade d’enceinte, qui confirma tous les indices précédens.

Une chose digne de remarque et qui prouveroit qu’avant la construction de la Maison carrée, il existoit d’autres monumens qui annonçoient une haute civilisation et de grands progrès dans les arts, c’est la découverte d’un fragment d’un beau pavé en mosaïque, à 1 mètre 70 centimètres au-dessous de la base du stylobate et de la plate-forme de l’enceinte extérieure, ou à 60 centimètres au-dessous du sol antique.

Ces intéressantes découvertes, en faisant paroître cet édifice sous un aspect entièrement nouveau, ont donné lieu aux amateurs de l’antiquité de rechercher à quelle sorte de monument se rattachent ces magnifiques débris. Différentes opinions se sont formées à cet égard, et ont successivement partagé les suffrages et exercé la critique. M, Grangent qui a suivi avec attention les fouilles qu’il a dirigées, pense que la Maison carrée étoit un temple périptère, entouré d’une galerie couverte, destinée à servir d’abri au peuple. Cette galerie étoit elle-même enfermée dans un mur extérieur entièrement bâti en pierres de taille, et couronné d’une corniche formée seulement d’un quart de rond, d’un filet et d’une large cymaise. Cette dernière enceinte, d’environ 100 mètres, avoit, suivant M. Grangent, la forme d’un carré ; ce qui servoit à justifier l’ancien nom de Maison carrée que de vieilles chartes et les traditions lui donnoient, et qui paroissoit mal se rapporter à un édifice rectangulaire, dont la longueur étoit double de sa largeur.

Le monument qu’on nomme le Temple de Diane s’éloigne du style des constructions des autres temples de l’antiquité : les uns l’ont cru dédié à Vesta ; d’autres à Diane, à Isis et Osiris, ou aux héros némauses, et Palladio, aux dieux infernaux. On a aussi pensé que cela pouvoit être une basilique, par la conformité qu’on a cru apercevoir entre son plan et celui de la basilique d’Otricoli. Quoi qu’il en soit, l’exposition de cet édifice est tout-à-fait contraire à celle des temples, la porte d’entrée étant placée à l’orient. Aucune décoration extérieure ne semble avoir embelli ce monument. Sa distribution intérieure, sa voûte en berceau, les niches et les ornemens qui décorent les murs et le plafond, les corridors qui l’entourent, les tuyaux de descente et l’aqueduc dont il est environné, tout annonce une belle salle de thermes ou un Nymphée, opinion qui est encore confirmée par l’ornement des voûtes, où l’on voit des dauphins placés dans les rosaces et entourés de feuillages.

Ce monument devint une église, puis il fut converti en grange et en chantier ; un incendie en ruina la partie antérieure, et pendant les guerres de religion, il fut en grande partie détruit.

Le monument nommé la Tour magne, et placé au sommet d’un coteau qui domine la ville du côté du nord, étoit engagé dans les antiques murailles, mais n’avoit aucune saillie en dehors ; ce qui montre que cette tour ne faisoit point partie des fortifications. D’ailleurs, sa forme pyramidale et à pans lui donneroit plutôt l’air d’un septizone ou encore d’un tombeau.

Le corps de la tour à huit pans réguliers, orientés vers les quatre points cardinaux et leurs divisions intermédiaires, s’élevoit sur un soubassement, où l’on montoit par une pente douce du côté du couchant ; un escalier à rampes droites, avec pallier en retraite, pratiqué dans l’épaisseur du massif, mène ainsi, après avoir monté 132 marches, au sommet de l’édifice. Il avoit trois étages : le second étoit décoré, à l’extérieur, de pilastres très-serrés, avec le chapiteau & la base toscane. L’intérieur de cet étage étoit évidé par


Diction. d'Archit. Tome III.

C