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NOI NOT


des caprices de dessin que les amateurs recherchent, au point qu’on en est venu à contrefaire ces jeux de la nature dans des bois qui n’en avoient aucune trace.

Nœuds de marbre. Ce sont ou des corps étrangers à cette matière, ou des duretés par veines ou taches provenant des hasards, qui sont entrés dans la construction de ses élément. Les nœuds de couleur de cendre, dans le marbre blanc, s’appellent émeril. Les ouvriers donnent le nom de clous aux nœuds des autres marbres.

Nœuds de serrurerie. Ce sont les différentes divisions qui se font dans les charnières de fiches ou couplets, de portes ou fenêtres, par où le clou, ou la rivure passe. Il y a des fiches à deux, à trois et à quatre nœuds.


NOIR, sub. m. ou adj. Le noir peut être pris comme couleur, ou comme privation de lumière, et dans ces deux acceptions il s’applique à l’architecture, soit comme effet de clair-obscur, soit comme motif d’ornement.

L’absence de la lumière produisant le noir, en ce sens les ombres portées par la saillie des membres d’architecture, et les noirs qui résultent du refoulement des objets sculptés ou des vides des portes, fenêtres et autres ouvertures dans les édifices, doivent être pris en considération par l’architecte dans l’ordonnance des élévations géométrales.

Il en est de même des décorations architectoniques, où l’on doit tenir compte des ombres portées par le soleil dans l’effet d’un édifice ; plus il sera chargé de ressauts et de reliefs multipliés sur le nu du mur, et qui portent chacun leur ombre, et moins son aspect sera simple et grandiose. C’est pour cela que les architectes ne doivent pas se contenter d’exécuter leurs dessins au simple trait, mais doivent les ombrer à 45 degrés d’une manière exacte. Ces dessins, à l’effet, leur feront souvent apercevoir des défauts d’ensemble que l’exécution leur auroit révélés trop tard.

En général, plus une façade sera percée de croisées et de renfoncemens où le noir ira se loger, et moins elle aura de simplicité et d’unité d’aspect. Ce n’est pas à dire cependant qu’un mur tout lisse soit préférable à celui qui est décoré de reliefs d’architecture et de sculpture, creusé par des refends, relevé de moulures et interrompu par des percés ; car tous les objets mis en opposition avec des lisses on surfaces plates feront un très-bon effet s’ils sont distribués avec intelligence. D’ailleurs, on sait qu’en architecture les pleins doivent l’emporter sur les vides, sans cela il y auroit maigreur, et, en apparence, défaut de solidité : c’est ce qui a fait dire et adopter comme axiome, qu’il ne faut pas seulement qu’un édifice soit solide, mais qu’il faut encore qu’il le paroisse.

Le noir, considéré comme ornement, s’emploie de deux manières, soit qu’on fasse usage, dans la construction, de matériaux solides de celle couleur, tels que des marbres et des ardoises, soit qu’on leur donne cette apparence au moyen de la peinture.

Nous voyons en effet, que la plupart des mosquées de l’Egypte, de Constantinople, ainsi que les monumens moresques de l’Espagne, sont construits par assises alternées blanches et noires, ou d’autres couleurs tranchantes.

Lors de la renaissance de l’architecture, en Italie, on remarque l’influence du même goût pour les assises alternativement blanches et noires aux cathédrales de Sienne, de Milan, de Florence, etc., non-seulement dans les murs extérieurs, mais dans la construction des pilastres et des colonnes, comme au Campo-Santo de Pise et au dôme d’Orvietto.

Ce goût des tons opposés en architecture s’est conservé long-temps, et on en voit un exemple du temps de François Ier. dans la décoration du château de Chambord, où l’ardoise, adroitement appliquée sur la pierre blanche, forme des ornemens qui imitent ceux qu’on exécute dans les mosaïques et dans les pavés, avec le marbre noir et la pierre de liais.

Le marbre noir est aussi employé dans la construction des monumens funéraires, et cette couleur, considérée comme celle du deuil, remonte à une haute antiquité.

On a été jusqu’à trouver par analogie des rapports du noir avec plus d’une sorte d'idées.

On a conservé dans notre religion l’emploi du noir comme emblème de deuil, et l’on tend les églises de draperies de cette couleur en certains cas, dans les jours d’affliction et d’abstinence, mais plus particulièrement en commémoration des morts.

L’architecture s’empare quelquefois de cette lugubre décoration des temples, surtout lorsqu’il est question de faire la pompe funèbre d’un grand personnage, ou son cénotaphe : alors de vastes draperies noires, semées de larmes d’argent on d’autres attributs funéraires, couvrent les murs et jusqu’aux plafonds. Le corps est placé sur une estrade élevée, et quelquefois recouvert d’un monument temporaire orné de toute la pompe de la sculpture, et converti en chapelle ardente au moyen d’une multitude de torches, de lustres et de cierges allumés. Voyez le mot Catafalque.

(A. L. C.)


NOTRE (le) (André), né en 1613, mort en 1700.

Le Nôtre naquit à Paris. Son père, qui étoit surintendant du jardin des Tuileries, lui destina la survivance de sa charge. Pour le mettre en état d’en remplir les fonctions d’une manière distinguée, il ne négligea rien de ce qui pouvoit secon-