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formes qu’elles décrivent, l’écrivain a joint les mesures, de nous mettre sur la voie de la composition d’un édifice, et de nous en faire retrouver le plan et l’élévation.

Dans l’architecture, l’ensemble est un composé de parties identiquement semblables. Il n’y a souvent qu’une colonne dans l’édifice le plus nombreux en colonnes. Il n’y a qu’un chapiteau dans une colonnade, et ainsi de suite, de tous les détails d’ornement. La description d’un ouvrage d’architecture grecque, quand elle indique le genre, l’ordonnance et les mesures, le peint avec beaucoup de précision, dans l’imagination de celui-là surtout, qui a la connoissance des ouvrages analogues. On avouera qu’il y a aussi de ces beautés qu’aucune narration, disons-le même, aucune copie ne peut transmettre. Il seroit injuste d’exiger d’une restitution ce qu’on ne demanderoit pas a un dessin fait d’après l’original.

Au reste, quand de telles restitutions n’accroîtroient pas, pour les artistes et les étudians, le nombre des modèles originaux de l’architecture, elles auroient toujours l’avantage d’étendre nos connoissances dans cet art, d’en fortifier le goût par un plus grand nombre de parallèles, de faciliter l’intelligence des textes, et de fournir à l’histoire de l’art, des dates importantes et des faits authentiques, qui, sans ce genre de travail, seroient pour ainsi dire perdus ou méconnus.

Ce ne seroit donc pas une conquête inutile, ni une acquisition de simple curiosité, que la restitution des monumens d’après les descriptions des auteurs anciens, lors même que ces descriptions ne permettroient point d’embrasser avec une fidélité complète, la totalitè, des objets ou des parties dont se composa jadis le mérite absolu des ouvrages originaux.

De tout temps il s’est trouvé des hommes jaloux de réparer les pertes des ouvrages que le temps nous a enviés. Raphaël lui-même a puisé, dans deux descriptions de Lucien, les sujets de deux de ses plus ingénieux dessins, qui représentent le mariage d’Alexandre et Roxane, et la belle allégorie qu’Apelles avoit imaginée de la délation.

Vers le milieu du dernier siècle, c’est-à-dire à une époque où l’on connoissoit encore peu les ruines de la Grèce, le marquis Poleni a tenté assez heureusement la restitution du temple d’Ephèse, d’après les documens imparfaits qu’en a donnés Pline, et sur les renseignemens de divers passages épars dans les auteurs.

Le monument de Mausole, d’après sa description, a exercé la critique de plus d’un architecte, et ce genre de critique acquiert plus de sûreté, à mesure que s’augmentent les connoissances que les voyageurs multiplient sur les restes nombreux de l’antiquité.

Il manqua sans doute à M. de Caylus la ressource de ces connoissances positives, dans les restitutions qu’il essaya de faire de deux monumens fort curieux, décrits par Diodore, le bucher d’Héphaestion, et le char funéraire qui transporta le corps Alexandre, de Babylone à Alexandrie ; peut-être aussi l’intelligence personnelle des textes ne lui étoit-elle pas assez familière.

Il importe en effet, pour réussir en de tels ouvrages, que le même homme puisse être à la fois dessinateur et traducteur. Lorsque la double opération de dessiner et de traduire, est le résultat d’un seul et même entendement, la traduction et le dessin se communiquent des lumières réciproques : l’intuition claire et précise des formes de l’objet décrit, est d’un merveilleux secours pour l’intelligence des mots qui le désignent, et, à son tour, la forme de l’objet qu’il s’agit de retrouver, naîtra plus facilement sous le crayon du dessinateur, qui se sera rendu propre le sens de la description.

C’est pour avoir manqué de ce double moyen, que M. de Caylus n’avoit donné qu’une idée tout-à-fait informe et insignifiante des deux monumens que nous avons cités ; et c’est en procédant ainsi que nous venons de le dire, que nous essayâmes de les reproduire dans des dessins tout-à-fait nouveaux, que l’on trouve, tome IV des Mémoires de la classe d’histoire et littérature ancienne de l’Institut.

Nous ne nous sommes étendus sur l’objet de cet article, que pour faire comprendre quelle pourroit être l’utilité des restitutions des monumens antiques, d’après les descriptions, et de quelle manière il importe d’y procéder, pour donner à ce genre de travail l’intérêt dont il est susceptible.

RETABLE, s. m. Ouvrage d’architecture, fait de marbre, de Pierre ou de bois, qui forme la décoration d’un autel. On Appelle contre-retable le fond du retable, c’est-à-dire, le lambris dans lequel on enchasse un tableau ou un bas-relief, et contre lequel sont adossés le tabernacle et ses gradins.

RETICULATUM, étoit une des deux maçonneries le plus souvent employées chez les Romains.

« Ces maçonneries (dit Vitruve) sont le reticulatum, dont tout le monde use aujourd’hui, et l’incertum, qui est plus ancienne. Le reticulatum est plus agréable à voir, mais il est sujet à se lézarder, parce que les pierres qui le composent ne forment aucune liaison dans leurs lits. »

Ce genre de maçonnerie forme effectivement l’ouvrage le plus agréable qu’on puisse faire en petites pierres. Il étoit fort en usage dans les derniers temps de la république romaine. Une grande partie des ruines qui sont aux environs de Rome, est construite en maçonnerie réticulée pour les paremens extérieurs, et le milieu des massifs est en blocage.

L’ouvrage