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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T3.djvu/299

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RIC RIC

REZ-DE-CHAUSSÉE, s. m. Ce mot, composé de rez, ancienne préposition qui veut dire tout contre, joignant, et de chaussée, signifie chambre, pièce, appartement au niveau d’une chaussée, d’une rue, d’un Jardin. On dit improprement rez-de-chaussée des caves d’une maison.

REZ-MUR, s. m. Nu d’un mur dans œuvre. On dit qu’une poutre, qu’une solive de brin, etc., a tant de portée de rez-mur, pour dire, depuis un mur jusqu’a l’autre.

REZ-TERRE, s. m. C’est une superficie de terre, sans ressauts ni degrés.

RICHE, adj. des deux genres. On donne cette épithète, en architecture, à un édifice où l’on a employé les ornemens, les matières précieuses, les métaux, la dorure, etc.

RICHESSE, s. f. En tant qu’opposé de pauvreté, qui, en architecture, est un défaut, la richesse passera pour être une qualité louable, à condition toutefois qu’elle soit ou convenable ment placée, ou employée dans une juste mesure, et qu’elle ne repose pas uniquement sur ce qu’on peut appeler l’effet matériel.

Comme la pauvreté est l’excès, et par conséquent l’abus de la simplicité, en architecture, la richesse a pour excès, et par conséquent pour abus, le luxe, qui consiste ou dans un emploi désordonné des objets de décoration, ou dans une profusion sans goût des matières précieuses. Il y a, sur ce point, deux préjugés également condamnables.

Un instinct irraisonné porte naturellement les hommes à faire cas de tout ce qui est rare et de tout ce qui est cher. De-là ce penchant qui a porté aussi tant d’architectes et de décorateurs, à prodiguer dans quelques édifices la dorure, les métaux précieux, les marbres les plus bigarrés, de telle sorte qu’en y comprenant encore le brillant des peintures, l’œil n’y trouve nulle part à se reposer du tout ce fracas, dont toutefois, après la surprise du premier coup d’œil, l’effet est de ne plus faire d’effet.

Mais c’est un autre préjugé, de blâmer, dans l’architecture, l’emploi des belles matières et de la dorure, par cela que la beauté fondamentale de l’art ne tient point à l’emploi d’une matière ou d’une autre, par cela que de justes proportions, un bel accord des parties avec le tout, la bonne disposition d’un plan, et son rapport harmonieux avec l’élévation, enfin beaucoup d’autres mérites, peuvent appartenir à l’édifice qui seroit construit des matières les plus communes. En effet, si l’on convient de ceci, il faut nécessairement avouer aussi que des matériaux plus précieux que la pierre, d’un plus beau poli, d’une couleur plus rare, ne sauroient empêcher les mêmes mérites d’exister et d’être rendus sensibles dans l’édifice où on les aura employés. Ce n’est donc pas l’emploi des matières précieuses qui peut préjudicier à la beauté fondamentale de l’art, ce ne sera que l’abus qui en sera fait par un goût déréglé, ou encore l’opinion que cette beauté matérielle, peut suppléer à la beauté morale.

Oui, et nous avons déjà eu plus d’une occasion de le dire, l’architecture ne sauroit négliger, dans ses ouvrages, tout ce qui tend à joindre aux impressions morales l’effet des sensations physiques. Comme il est impossible que l’effet de la sensation matérielle de la grandeur linéaire, n’ajoute point à celui du plaisir raisonné qui résulte de la grandeur proportionnelle ; comme tout ce qui est haut, vaste, puissant, solide, massif, nous affecte involontairement, en éveillant en nous le sentiment naturel d’admiration pour tout ce qui est difficile, et qui a dû coûter de grands efforts, il est de même impossible, que l’idée de richesse ne nous fasse point éprouver le même sentiment. Or, le sentiment de l’admiration est un de ceux qui entrent plus particulièrement dans les attributions d’un art qui n’a point, comme les autres arts d’imitation, de moyen direct d’agir sur notre ame, par la peinture des objets capables d’y exciter tous les genres de passions.

La richesse de l’architecture peut cependant se manifester, et produire la meilleure partie de ses effets, avec toutes les matières que la nature, en chaque pays, présente à l’artiste. Sans parler de celle qui résultera de l’abondance des colonnes, de la variété d’aspects que produit leur emploi, des percés ingénieux, du mouvement des masses, etc. , il suffit des ressources de l’ornemente et de la décoration, qui, par le moyen de la sculpture, peuvent s’appliquer à touts les matières, pour faire naître, dans tout édifice, l’impression de la richesse.

Les ornemens sont, en effet, les principales richesses de l’architecture. Nous entendons ici ce mot dans le sens, vulgaire si l’on veut, sous lequel l’usage ou la mode l’emploie, soit en ameublemens, soit en vêtemens. Oui, l’ornement, techniquement défini (voyez ce mot), est a un édifice ce que les broderies, les galons, les festons, les brocards, sont aux étoffes. Là aussi on a vu plus d’une fois le luxe, ou pour dire encore mieux, la vanité du luxe ne garder aucune mesure, dans l’application des ornemens aux parures, et cacher une étoffe déjà riche de sa nature, sous un amas de galons et de broderies. Ce qu’on appelle goût, en fait de modes, ne reconnoît point de règles. Ce n’est pas le beau qui fait la mode, c’est la mode qui fait le beau. Aussi n’avons-nous pris cet exemple, que pour mieux faire entendre ne qu’est l’abus des ornemens en architecture. Mais heureusement cet art, quoique très-souvent tributaire des caprices de l’usage, est forcé,

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