encore pratiqué dans le rez-de-chaussée du palais Farnèse. Du reste, l’ordonnance générale et la disposition de la façade du palais Sachetti, sont d’un goût sage et régulier, et portent un grand caractère de solidité. Cet ouvrage se trouve dans le Recueil de Falda, mis au rang des plus remarquables palais de Rome.
Paul III (Farnèse) venoit de monter sur le siége pontifical. Jusqu’alors la construction de l’église de Saint-Pierre avoit été traversée par tous les genres de contre-temps imaginables. Disons-le même, cette entreprise, conçue si en grand par Bramaute, avoit été mal commencée par lui. Je ne veux point parler de la foiblesse de ses moyens de construction, à laquelle il fallut depuis remédier ; je parle de la minière incohérente et décousue, dont (peut-être par nécessité) on avoit procédé, dès l’origine, à la formation de l’édifice. Un monument d’une aussi grande étendue, composé de tant de parties faites pour se communiquer de la force et des appuis respectifs, auroit dû s’élever tout ensemble sur une fondation générale, et sur un plateau ou massif commun à toute la superficie. C’est le seul moyen d’éviter les inégalités de tassement dans les matériaux. Alors, toutes les parties montant ensemble, sont ensemble leur effet. Tous les arcs se bandant à la fois, s’arc-boutent l’un par l’autre. Il y a, dans la pratique matérielle de la bâtisse, une certaine unité de temps et d’action, aussi nécessaire que le sont, dans leur genre, les autres unités, Construire un édifice par morceaux détachés, est un inconvénient moins apparent, mais plus réel, que seroit celui de le projeter par fragmens séparés.
Tel fut cependant celui dans lequel tomba la construction de Bramante. Cet architecte se trouva en quelque sorte forcé de commencer, par la partie du monument qu’il auroit dû élever la dernière. Gêné par la vieille église de Saint-Pierre, qu’on ne voulut point abattre en entier, avant que la nouvelle fût en quelque sorte prête à la remplacer, il se mit à construire les grands arcs du dôme, sur des piliers isolés, au lieu qu’il n’auroit dû y procéder qu’après l’achèvement des arcs des ness qui devoient servir à les contrebutter. Probablement si l’on eût pris ce parti, il ne s’y seroit manifesté aucun effet, et il eût peut-être été suffisant de renforcer les fondations. Peut-être aussi, faute d’avoir sait cette observation, s’effraya-t-on, plus qu’on n’auroit dû, des lésardes survenues dans les piliers du dôme.
Sous Léon X, successeur de Jules II, Raphael, Joconde et Julien de Sangallo ne s’occupèrent que du soin de fortifier les fondations des piliers. Ce soin étoit utile et même indispensable, vu le manque de plateau dont on a parlé. Il fut résolu aussi de les grossir, quoiqu’ils eussent quarante-deux pieds de large à chacune de leurs deux grandes saces, et vingt-un d’épaisseur à l’ouverture
des arcs. Mais, comme, on l’a dit des trois premiers successeurs de Bramante, l’un mourut, et les deux autres se retirèrent sans avoir rien fait de décisif.
Balthazar Peruzzi et Antoine Sangallo leur succédèrent, et entreprirent, chacun dans leurs projets particuliers, de réduire à une croix grecque, ou à quatre croisillons égaux, le projet en croix latine de Bramante. Celui des deux qui, du reste, en conservoit le plus les dispositions de détails, étoit Balthazar Peruzzi. Léon X avoit adopté son plan.
Mais Léon X mourut en 1521, et avec lui les arts semblèrent aussi près de s’éteindre. Le règne d’Adrien VI fut un interrègne de dix-neus mois pour les artistes. La construction de Saint-Pierre éprouva une pareille suspension de travaux. Clément VII parut. C’étoit un Médicis : son nom seul devoit ressusciter les arts. Ils brilloient effectivement de nouveau, lorsque les catastrophes de son pontificat les replongèrent encore dans l’oubli, avec les travaux de Saint-Pierre, qui restèrent, non sans un notable préjudice, suspendus pendant près de douze années. Durant cet espace de temps, Peruzzi ne fil autre chose qu’achever la tribune, ou l’hémicycle du sond de l’église. Il mourut en 1536, et laissa Antoine Sangallo seul chef des travaux.
Tout présageoit à cet artiste l’honneur de terminer les indécisions, dont cette grande entreprise avoit enfin besoin de sortir. Celui qui pouvoit les résoudre (Paul III) le vouloit aussi. Il étoit le protecteur déclaré de Sangallo. Aussi lui commanda-t-il un modèle en relief, dont la grandeur et la dépense, annoncent que le Pape n’entendoit plus, qu’on marchât sans un but définitivement fixé.
Ce modèle qui nous est parvenu, et qu’on voit aujourd’hui dans une des pièces du Belvédère, fut exécuté en bois, sous la direction de Sangallo, par Antoine Labaco, son élève, et son travail coûta la somme de 5184 écus d’or. Il a 35 palmes de long, 26 de large et 20 de hauteur. Considéré comme travail de modèle, c’est un objet digne d’admiration. Quant au projet en lui-même, c’est-à-dire, sous le rapport de l’invention et du goût, il faut être d’accord avec Michel Ange, et avouer qu’il y a eu beaucoup à gagner de toute manière, à ne point l’exécuter.
De tous les projets de la basilique de Saint-Pierre, il n’y en eut pas de plus compliqué dans le plan, de moins simple dans l’élévation, et d’une décoration plus chargée, que celui de Sangallo. Tout en réduisant, comme l’avoit projeté Balthazar Peruzzi, comme le fit depuis Michel Ange, la croix latine du plan de Bramante, à la sorme de croix grecque, il prolongeoit son édifice par un vestibule démesuré, qui n’étoit rien moins qu’un temple mis en avant d’un temple. L’intérieur de ce dernier auroit été rempli de petites