aujourd’hui des notions nécessaires pour retrouver dans les parties diffèrentes du palais actuel, les traditions de tous les travaux commèncés, abandonnés et modifiés depuis, qui s’y sont succédés, jusqu’à l’époque de son achèvement. On ne doit pas douter qu’il n’y ait eu de l’ouvrage de Serlio. Mais su borna-t-il à quelques parties, à quelques corps séparés, ou y eut-il de lui un projet général ? Dans ce dernier cas, on a peine à croire que cet architecte n’en eût pas inséré les dessins dans le livre de son Traité, où il traite de l’architecture des palais.
Si l’on ajoute foi à une opinion qui s’est perpétuée sur cet objet, Serlio auroit sait un projet du Louvre, mais l’ierre Lescot un auroit, dans le même temps, présenté un autre, supérieur au sien, tant pour la beauté des proportions, que pour lu régularité de l’édifice, et l’architecte italien auroit eu la générosité peu commune, de conseiller lui-même l’adoption du projet de son rival. Pareil trait de désintéressement a été raconté de Bernin, à l’égard de la colonnade du Louvre par Perrault. Nous avons sait voir aux articles BERNIN et PERRAULT, que la chose ne put point avoir lieu, et que si l’histoire en eut cours alors, ce ne fut qu’une répétition de ce qui avoit été raconté un siècle auparavant, de Serlio et de Lescot.
Quoi qu’il en soit, François Ier. ne tarda point à employer Serlio dans d’autres ouvrages, et il lui donna la conduite des bâtimens qu’il saisoit construire à Fontainebleu ; c’est là qu’on devroit pouvoir retrouver de grands et précieux modèles de son talent, si toutes sortes de circonstances n’eussent contribué à suspendre l’exécution de ses projets, et si une succession de changement et d’additions, sous les règnes suivans, n’eût achevé de dénaturer ce qui reste de lui.
Serlio fit une longue résidence à Fontainebleau, et outre quelques parties importantes du château royal par lui construites, on tient qu’il fit encore exécuter dans celle ville plusieurs édifices, à la vérité peu importans. Aussi attribue-t-on à son séjour en ce pays un goût particulier de bâtir, qui se fuit remarquer surtout, par l’arrangement ou l’appareil artistement combiné du grès avec la brique, et encore à des profils et des corniches qui ne se composent que de briques.
Les parties du château encore existantes, qu’on reconnoît pour avoir été son ouvrage, sont, pour la plupart, celles qui se voient entre la cour en fer à cheval et les parterres, et particulièrement dans la grande et belle cour qui est située sur la pièce d’eau. Elle est décorée d’un ordre dorique, d’un caractère ferme et d’un bon profil. L’ordre est dans des proportions élégantes. Les détails et les ornemens y sont exécutés avec goût et avec recherche.
On attribue encore à Serlio l’invention d’une grotte décorée de caryatides, qu’on doit appeler moins sculptées, que construites ; cha-
que membre ou pour mieux dire, chaque muscle, est formé par un bloc de pierre, eu sorte que cette sculpture semble être un opus incertum.
Serlio avoit sans doute fait exécuter dans les intérieurs du château, un grand nombre de partis d’ornement et de décoration, dont il reste à peine des souvenirs, tant il s’y est opéré de restaurations et de changement, sous lesquels ont disparu le caractère et le dessin de l’ouvrage primitif.
Dans la ville et sur la place, près du château, on voit encore aujourd’hui une belle porte d’un style appelé rustique : elle est pratiquée dans un mur de clôture. Les colonnes soul aussi en bossages. Mais la pureté des profils annonce l’habile architecte. Ce genre de portes en bossages fut très en vogue au siècle de Serlio. Les architectes les plus célèbres en ont composé à l’envi. Ainsi en trouvons-nous dans la plupart des traités d’architecture. Serlio s’est exercé en ce genre avec prédilection et la sixième section de son Libro de Architectura contient, un recueil sort nombreux de ces compositions de portes. On en trouve une sous le n° 7, qui a beaucoup de ressemblance avec celle de Fontainebleau.
Le seul ouvrage de Serlio qui a survécu à ses autres travaux, et sur lequel s’est sondée la juste réputation dont il jouit, et que lui accordent tous les maîtres de l’art, est son Traite d’architecture Il fut composé particulièrement à Fontainebleau. Quoiqu’écrit à différentes époques, et publié partiellement, dans un ordre différent de celui qu’exige la classification des matières, ses six sections comprennent, avec beaucoup de méthode, toutes les parties de l’art, et forment un corps très-complet.
Les écrits de Serlio ont été réunis, dans l’édition de 1569, en un seul ouvrage divisé en sept livres.
Le premier est un petit traité de géométrie relative à l’architecture.
Le second traite de la perspective.
Le troisième comprend les plans, les mesures, les profils et les représentations d’un grand nombre d’édifices antiques d’Italie, et hors d’Italie. C’est dans ce livre qu’il est probable, que Serlio aura mis en lumière les dessins de son maître Balthazar Peruzzi.
Le quatrième livre est, sous le titre de règles générales de l’architecture, un traité des cinq ordres, où la doctrine de Vitruve se trouve exposée fidèlement et savamment commentée.
Au cinquième livre, Serlio traite, comme le dit le titre qu’il lui a donné, de diverses sortes de saints temples selon la forme des chrétiens. L’auteur s’est borné à nous apprendre, comment les temples des payens ont été changés en églises chrétiennes, et comment les autels destinés aux sacrifices des animaux, ont pris la forme actuelle, pour célébrer le saint sacrifice de la messe.
Le titre du sixième livre annonce qu’il est le recueil, dont on a parlé plus haut, de ces projets